rimentalement, mais aussi sans pouvoir jamais être en désaccord avec Texpérience et de ce chef nous induire en erreur, nous sont utiles en fixant notre pensée. Approfondir leur nature à toutes deux, c’est approfondir la nature de la science physique.
Dans le domaine des mathématiques pures, Poincaré a rencontré, sous les divergences d’application, un procédé toujours identique, une démarche fondamentale. Mais dans le domaine de la physique, par cela même qu’il y a deux genres d’hypothèses, il y a deux grands procédés de l’esprit, deux démarches fondamentales, qui entraînent une sorte de dualité scientifique : mécanique rationnelle et mécanique physique ; — physique mathématique ou théorique et physique expérimentale.
Dans le mécanisme classique, on distinguait déjà les théories des parties purement empiriques de la physique, et la mécanique rationnelle de la mécanique appliquée. Seulement, dans le mécanisme classique, cette distinction établit une différence de degrés, non de nature. C’est par les mêmes procédés que la science formule quelques prévisions empiriques, des faits expérimentaux, des lois expérimentales et enfin des théories générales. La théorie est l’aboutissant du travail expérimental, justifiée par lui, vérifiable par lui ; un peu plus d’abstraction et de généralisation, certes, mais toujours une abstraction et une généralisation qui s’exercent identiquement sur les données de l’expérience.
L’originalité de Poincaré, le résultat nouveau qu’apporte sa critique, c’est que cette vue classique est erronée et que la science procède par des démarches de nature différente, donc de valeur diverse dans la constatation purement expérimentale et dans la construction théorique. Si l’expérience joue toujours un rôle, et un rôle nécessaire, elle ne joue pas le même rôle. En face d’elle, l’esprit se comporte autrement dans les deux cas.
Le contenu de la physique se divisera ainsi en deux ensembles, caractérisés chacun par le genre d’hypothèses qui se trouve à leur base, et corollairement, par la nature
