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CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE SIMPLEMENT CRITIQUE.

Ils ont montré que la connaissance humaine, la science humaine, ont des limites. Ils croient que ces limites sont inhérentes à l’esprit humain.

Je suivrai surtout ici Poincaré. Il est d’abord historiquement le chef de l’école. C’est lui qui a déterminé en grande partie ce mouvement critique. C’est lui surtout auquel on se réfère le plus volontiers ; c’est lui dont on cite constamment les conclusions ou les arguments[1].

Mais c’est le développement d’une conception que je cherche à exposer, non l’œuvre d’un homme.

2. — La critique du mécanisme traditionnel se présente dans l’école critique comme la conséquence de la critique des sciences mathématiques. D’ailleurs, le mécanisme est bien chez ses fondateurs, chez Descartes par exemple, un mathématisme. Il est l’aboutissant des recherches relatives à une mathématique universelle. Pour bien comprendre cette critique des sciences physico-chimiques, il est donc nécessaire de rappeler brièvement les conclusions que Poincaré a tirées de son examen des sciences mathématiques. Elles sont le point de départ logique, elles ont été en général le point de départ historique de l’examen des théories physico-chimiques et de la critique de leur genèse et de leur portée.

3. — Toutefois, ceux que je range autour de Poincaré sont loin d’assimiler complètement les sciences physicochimiques aux sciences mathématiques : c’est un des pre-


    lyser un phénomène électrique, nous prendrons un ou deux phénomènes mécaniques bien connus et nous chercherons à mettre en évidence leur parfait parallélisme. Ce parallélisme nous sera ainsi un garant suffisant de la possibilité d’une explication mécanique.

    L’emploi de l’analyse mathématique ne servirait qu’à montrer que ces comparaisons ne sont pas seulement de grossiers rapprochements, mais qu’elles se poursuivent jusque dans les détails les plus précis » (p. 7, 8).

  1. On peut rapprocher de Poincaré, bien qu’il ait des divergences profondes, parmi les critiques de la physique moderne. Bouasse (Introduction aux théories de la mécanique, articles dans la Revue générale des sciences, la Revue de Métaphysique et de Morale, etc.), Andrade, l’école américaine épistémologique, et G. Milhaud (cette école et ce dernier se plaçant à un point de vue plus philosophique que scientifique, et sortant par là du cadre de cette étude).