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LIVRE III
LA CRITIQUE DU MÉCANISME (Suite)
L’ATTITUDE SIMPLEMENT CRITIQUE

CHAPITRE PREMIER
Préliminaires

1. Le point de vue général qui caractérise cette attitude : Pas de propositions reconstitutives : indifférence envers la forme particulière de la théorie dans l’état actuel de la science ; aussi penchant vers la conservation des formes traditionnelles, tant qu’il ne sera pas impossible de faire autrement. On se bornera à en déterminer la valeur exacte, à n’être pas dupe des représentations théoriques. — 2. Point de départ historique de la critique de la science physique : la critique des mathématiques. — 3. Tandis que dans l’école conceptuelle, on tend à assimiler physique et mathématique, la critique des mathématiques de Poincaré conduit à les différencier. La raison de cette différenciation doit être cherchée dans la forme des hypothèses employées dans ces deux ordres de science. — 4. Le premier genre d’hypothèses, les conventions arbitraires sont caractéristiques des sciences mathématiques. — 5. Conclusion : Les mathématiques ne sont pas objectives. — 6. L’expérience n’y a aucun rôle générateur.


1. — On peut désigner sous le nom d’école critique, je le rappelle, une école dont les représentants se sont attachés à découvrir les lacunes et les hiatus de la physique mécaniste traditionnelle, à passer au crible ses postulats, à enquêter les titres de leur légitimité. Seulement ils n’ont point opposé une autre construction au mécanisme ; ils ont continué à le considérer comme un type scientifique, susceptible d’évolution, de progrès, certes, mais qui a sa légitimité. Ils ont tout simplement critiqué sa valeur comme mode de connaissance, de même qu’ils ont critiqué celle