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PRÉFACE

gulièrement facilitée par ce fait que certains physiciens — et des plus considérables — s’occupent aujourd’hui de la philosophie de la physique en donnant à ce mot le sens, presque positiviste, d’un point de vue général, synthétique et critique sur les grands problèmes que renferme une science, sur sa méthode et sur son devenir.

Il ne me restait alors, pour atteindre mon but, qu’à chercher les opinions actuellement soutenues par les physiciens sur la nature et la structure de leur science, et à essayer d’en présenter le développement systématique, en suivant ceux qui s’étaient attachés spécialement à ces questions et me semblaient les avoir le plus complètement et le plus clairement exposées.

Une méthode purement originale et dialectique n’aurait pas répondu aux conditions du problème. Non que cette méthode proprement philosophique n’ait pas sa légitimité et son intérêt, et que la métaphysique ne puisse avoir d’objet à côté de la science ; mais il s’agissait ici de voir si certaines conclusions avaient été exprimées par des savants, ou pouvaient être déduites de leurs idées, et il ne s’agissait que de cela.

Je crois, personnellement d’ailleurs, que les connaissances scientifiques sont toute la connaissance humaine. La synthèse organisatrice des sciences, vues et comprises comme les savants les voient et les comprennent, faite dans un esprit qui serait l’esprit scientifique général, voilà la conception « philosophique », très voisine du positivisme, qui aurait mes préférences. Une recherche, d’après la méthode historique et comparée, sur l’esprit général de la physique contemporaine et sur la théorie actuelle de cette science, est une partie de la matière nécessaire à une telle philosophie[1].

  1. Le présent travail n’est, d’ailleurs, que la première partie d’un travail plus étendu que j’espère continuer.