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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

de la thermodynamique) les définitions nécessaires pour établir cette correspondance continue entre la variable et la propriété physique dont elle est le symbole. Ces définitions sont essentiellement arbitraires. Il suffît qu’elles rendent le service qu’on leur demande, aussi exactement que possible. Entre les diverses notions ainsi définies, on établit un certain nombre de relations exprimées par des propositions mathématiques. Ces relations sont les hypothèses, principes, ou postulats, dont la théorie tout entière ne fera que développer les conséquences.

Voici l’ossature formelle de la théorie. Mais Duhem veut établir la physique théorique. Il croit qu’une physique théorique peut être présentée de préférence à d’autres, (par exemple, de préférence au mécanisme classique). Il admet donc qu’entre plusieurs systèmes de conventions, il en est un qui doit l’emporter sur tous les autres.

Il y a en effet des raisons d’opter qui ne permettent pas l’hésitation et suppriment en fait tout arbitraire : il faut d’abord que l’hypothèse soit logiquement cohérente. Le principe de contradiction est une limite qui s’impose à toute théorie : une fois les conventions adoptées, les conséquences doivent s’en déduire avec une inflexible logique sans le « coup de pouce » cher à tous ceux qui font de la physique mathématique. — Ensuite le nombre des conventions doit être le plus petit possible. La simplicité d’une hypothèse est un motif qui la fera choisir. C’est une des raisons pour lesquelles Duhem se déclare partisan de la statique de Gibbs et de la dynamique de Helmholtz qui ne font intervenir ni masses cachées, ni liaisons fictives. — Toute théorie renfermera des lacunes : il n’y a pas de théorie parfaite. Mais ces lacunes devront, elles aussi, être réduites au minimum. — L’étendue de l’hypothèse, sa facicilité à fournir des cadres généraux pour l’étude d’un nombre toujours croissant de faits, sans qu’elle soit obligée de modifier ses principes, voilà encore une raison qui doit limiter l’arbitraire du physicien. — Enfin la correspondance aussi étroite que possible entre les conséquences de l’hypothèse et les faits de l’expérience est une