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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

« En physique, il nous est à la fois impossible et inutile de connaître la constitution réelle de la matière. Nous cherchons simplement à concevoir un système abstrait qui nous fournisse une image des propriétés des corps. Pour construire ce système, nous sommes libres de représenter un corps qui semble continu, soit par une distribution continue de matière dans un certain espace, soit par un ensemble discontinu d’atomes très petits. Le premier mode de représentation conduisant, dans toutes les parties de la physique, à des théories plus simples, plus claires et plus élégantes, nous l’adopterons de prélérence au second.

« Considérons deux corps A, B, qui, à un certain instant t, occupent des espaces a, b, n’ayant aucune partie commune ; ces deux corps ne sont pas toujours et forcément distincts ; les parties de la matière qui les forment peuvent à un instant t’ distinct de t, antérieur ou postérieur à t, fournir un corps unique C, occupant l’espace e ; cela de telle façon que tout élément dw de l’espace e renferme, à l’instant t’, une partie de la matière qui, à l’instant t, forme le corps A, et une partie de la matière qui, à l’instant t, forme le corps B, la première partie occupant, à l’instant t, un certain élément de volume dv, de l’espace a ; la seconde partie occupant à l’instant t, un certain élément de volume dv’ de l’espace b.

« Dans le cas dont nous venons de parler, on dit que le corps C résulte soit du mélange, soit de la combinaison des deux corps A et B.

« Beaucoup de physiciens se refusent à admcllre la possibilité de la combinaison ou du mélange tels que nous venons de le définir. Ils regardent comme impossible cette pénétration intime par laquelle la matière qui remplit chaque élément de volume du corps continu C provient de l’union entre la matière que renfermait un élément de volume du corps continu A, et la matière que renfermait un élément de volume du corps continu B. C’est cette impossibilité qu’ils nomment l’impénétrabilité de la matière.

« Pour ces physiciens les mots mélange, combinaison, ne représentent que des apparences. Lorsque nous croyons

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