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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

dément de la mécanique générale et par là commandent à tout le champ de la physique. Elles sont énoncées avec une négligence absolue de toute intuition expérimentale. Les voici :

« Du mouvement absolu.

« L’expérience nous permet de constater si deux parties de la matière se sont déplacées l’une par rapport à l’autre, en sorte que la notion de mouvement relatil est une notion expérimentale, c’est de cette notion que traite la cinématique.

« Mais cette notion est insuffisante pour l’objet que nous nous proposons de traiter. Les hypothèses que nous aurons à énoncer, les lois que nous aurons à formuler ne feront pas intervenir seulement les mouvements relatifs des différentes parties de la matière les unes par rapport aux autres. Elles feront intervenir les mouvements des différentes parties de la matière par rapport à un certain trièdre de référence idéal, que l’on suppose tracé quelque part. Il arrivera souvent que des propositions qui concernent les mouvements relatifs à ce trièdre de référence particulier et que nous regardons comme exactes, deviendraient manifestement fausses si l’on y supposait les mouvements rapportés à un autre trièdre de référence, animé par rapport au premier d’un mouvement quelconque ; nous donnerons à ce trièdre particulier auquel seront rapportés tous les mouvements dont nous parlerons le nom de trièdre absolument fixe ; les axes de ce trièdre seront les axes absolument fixes ; un mouvement rapporté à ce trièdre particulier prendra le nom de mouvement absolu i.

« Des corps et des mélanges ou combinaisons. — Nous appellerons corps un espace linéairement connexe rempli, d’une manière continue, par une certaine partie de la matière. Nous ne discuterons pas la question de savoir si les corps sont réellement continus, ou formés de parties discontinues très petites séparées par des intervalles vides également très petits.

1. Duhem, Commentaire aux principes de la Thermodynamique, Journal de mathématiques pures et appliquées, 1892, p. 271.