de la développer pleinement. On retrouvera bien alors les résultats de l’expérience — que serait une théorie sans cela ? Mais la théorie en elle-même s’établit d’une manière autonome, et, pour ainsi dire, dans une autre sphère : dans une sphère toute formelle, more geometrico. Après son achèvement, et seulement après, interviendra une confrontation avec l’expérience. C’est là que se montre l’originalité de Duhem,
Tout d’abord sont posées certaines conventions et certaines définitions qui constituent les principes fondamentaux de la mécanique nouvelle, et les axiomes nécessaires à son développement.
Les conventions fixent les conditions générales auxquelles seront nécessairement soumises toutes les propositions énoncées dans la suite. Elles dessinent le cadre rigide qui limitera d’une façon absolue le domaine de la mécanique. Ces limites ne pourront être franchies en aucun cas.
Les postulats nécessaires au développement de la théorie sont au fond de même nature que les définitions préliminaires ; ce ne sont ni des transcriptions, ni même des suggestions de l’expérience. Ils ne sont pas présentés non plus comme les procédés les plus commodes que nous ayons à notre disposition pour organiser nos connaissances. Ils consistent en des propositions qu’il est loisible d’énoncer comme il plaît, « pourvu qu’il n’y ait contradiction ni entre les termes d’une même proposition, ni entre deux propositions distinctes ». Mais une fois ces postulats posés, comme pour les conventions préliminaires, la théorie est tenue de les garder avec une jalouse rigueur. Ils lui donnent, eux aussi, une contexture rigide et invariable. Les postulats ne diffèrent des définitions préliminaires que par la place qu’ils tiennent dans la théorie et l’utilisation qui en est faite. Ce sont eux qui dessinent le chemin suivi par la théorie, qui déterminent les dispositions de son contenu, tandis que les définitions traçaient seulement le contour de son domaine.
Ceci posé, les conventions préliminaires sur lesquelles il fait reposer la thermodynamique sont, pour lui, le fon-
