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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

seront, pour elle, des mouvements ; la scolastique les aurait nommés mouvements d’altération.

« L’examen de tels mouvements n*emplira pas encore tout le domaine que la mécanique nouvelle prétend soumettre à ses lois ; elle entend aussi traiter des changements où un ensemble de substances disparaît pour laisser apparaître un autre ensemble de substances, de ces changements que les péripatéticiens auraient considérés comme des corruptions et des générations et que nous nommons aujourd’hui des réactions chimiques. La mécanique nouvelle ne se contente pas d’être une mécanique physique, elle est encore une mécanique chimique.

« L’extension prise par l’idée de mouvement nécessite une égale extension de son contraire, l’idée d’équilibre…, aussi parlera-t-on non seulement de l’équilibre de configuration, mais encore des équilibres thermique, électrique, magnétique, chimique[1] ».

2. — Comment se développe cette mécanique dont Duhem vient de préciser l’objet et de délimiter le champ ? Ce développement a été esquissé à plusieurs reprises, dans le Traité élémentaire de mécanique chimique, dans Thermodynamique et chimie, mais nulle part il n’est aussi rigoureusement poursuivi que dans le Commentaire aux principes de la Thermodynamique.

Si l’on ouvre un traité de mécanique classique, on voit dans les premières pages un appel à quelques expériences très simples. Ici rien de pareil. Certaines expositions élémentaires, notamment celle donnée dans la Revue générale des Sciences, semblent bien, il est vrai, partir de l’expérience. Mais, outre qu’elles ne sont pas définitives, qu’elles ne présentent pas la forme arrêtée que l’auteur semble vouloir atteindre, quand il cherche une présentation purement scientifique, il est manifeste que l’observation et l’expérience servent toujours à élucider certaines notions, à fournir une physionomie plutôt grossière et vague de la théorie, et qu’elles seront dépassées, transformées quand il s’agira

  1. Duhem, L’évolution de la mécanique (Revue générale des Sciences, 1903. p. 306).