naissance. Quelle image nous faire alors de la réalité ? « Mais on n’a besoin d’aucune image, d’aucun symbole[1]. » Toute image déforme les phénomènes physico-chimiques, puisque ceux-ci ne sont que des variations d’énergie. Il faut voir ces phénomènes, directement, « autant que le permettent nos forces intellectuelles[2]. » Dépouillées des masques forgés par nous, les réalités expérimentales rie sont plus que des capacités d’énergie, des transformations d’énergie, des variations d’énergie. Le rôle de la science est d’établir des rapports entre ces réalités, « de telle sorte que les unes élant données, les autres s’en déduisent ».
4. — Tous les phénomènes du monde réel, en dépit de leur infinie variété, ne sont que des cas particuliers et bien définis de toutes les possibilités que nous pouvons concevoir. Distinguer, parmi les cas possibles, les cas réels, telle est la signification des lois naturelles. Toutes se ramènent à la même forme : trouver un invariant, c’est-à-dire une grandeur qui demeure invariable quand toutes les autres varient entre les limites possibles, limites assignées par la loi même[3]. « Or, un premier invariant général fut découvert avec la notion de masse. L’idée mécaniste de la matière n’en est qu’une extension. » À cette conception insuffisante, Galilée dut joindre celle de la force, pour expliquer l’évolution incessante de l’Univers. Mais la force ne possédait pas l’invariance et après la découverte de ces invariants partiels, force vive et travail, Mayer découvrit l’invariant le plus général, l’énergie « qui gouverne toutes les forces physiques[4] ». La notion substantielle et métaphysique de matière et toutes ses dérivations n’avaient plus qu’à lui céder la place. L’énergie est le fond commun et réel de toutes les sensations.
C’est ainsi que l’énergétique, tout en supprimant (ou mieux, parce qu’elle supprimait) les représentations figuratives, et en employant des représentations purement con-
