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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

incompréhensible dans toute autre interprétation de la ; pensée de Mach, ces quelques lignes qui expriment l’idéal lointain de la construction scientifique pour l’école énergétique, et qui est la formule la plus nette d’une physique objective :

« Une recherche physique plus circonspecte conduira à l’analvse des sensations. Nous reconnaîtrons alors — et nous commençons actuellement à le faire — que notre sensation de faim n’est pas essentiellement différente de la ten^ dance de l’acide sulfurique vers le zinc, et que notre volonté n’est pas si différente de la pression de la pierre sur son support. Nous nous retrouverons ainsi plus près de la nature, sans qu’il y ait besoin de nous résoudre en un incompréhensible amas nuageux de molécules, oii de faire de l’Univers un système de groupements d’esprit. On ne peut naturellement que conjecturer la direction dans laquelle on peut s’attendre à ce qu’une recherche longue et pleine de fatigue conduise vers la lumière. Ce serait faire de la mythologie et non de la science que de vouloir anticiper sur le résultat, ou essayer de l’introduire, si peu que ce soit, dans les recherches scientifiques actuelles.

« La science ne demande rien de ce qui n’est pas, ou n’est pas encore abordable à la recherche actuelle.

« Il se peut que des champs qui lui sont encore fermés aujourd’hui s’ouvrent plus tard à son activité. Alors, aucun homme de jugement sain, loyal envers lui-même et envers les autres, n’hésitera à échanger son opinion sur une chose de ce domaine contre la connaissance de cette chose[1] ».


V. — l’énergétique d’ostwald


1. — Mach n’a jamais présenté un tableau d’ensemble du contenu des sciences physico-chimiques, disposé d’après ses idées. Après avoir exposé ses idées en 1867, dans une courte communication « sur la définition de la masse, parue dans le Répertoire de la physique expérimentale de Carl (1868), et dans une conférence faite en 1871, il laissa à

  1. Mach, La Mécanique, p. 433, 434.