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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

provisoire dont le rôle est d’économiser le travail, ce n’est pas que la physique ne soit jamais elle-même qu’un moyen provisoire, une théorie arbitraire et passagère. C’est, au contraire, que la physique dépasse le point de vue de la séquence causale pour retrouver derrière elle la réalité phénoménale dont cause et effef sont deux aspects transitoires et momentanés. Le point de vue causal est un point de vue métaphysique, lié à la considération de la substance et à la conception mécaniste de la physique. L’éliminer, c’est rapprocher la science de l’expérience et de la réalité, c’est-à-dire des relations qui soutiennent les sensations.

Mach, en d’autres termes, reprend pour son propre compte l’analyse et les conclusions de Hume, de Mill, et de tous les phénoménistes, d’après lesquelles la relation causale n’a rien de substantiel, et n’est qu’une habitude mentale. Il a repris d’ailleurs à son propre compté la thèse fondamentale du phénoménisme dont celle-ci n’est qu’une conséquence : il n’existe que des sensations.

Mais il ajoute, et dans une direction nettement objectiviste : La science, en analysant les sensations, découvre en elles des éléments permanents et communs, qui ont, bien qu’abstraits de ces sensations, même réalité qu’elles, puisqu’ils sont puisés en elles par l’observation sensible. Et ces éléments communs et permanents, comme l’énergie et ses modalités, sont le fondement de la systématisation physique.

C’est une restauration dans un sens phénoméniste, puisqu’on ne cesse de se mouvoir dans le domaine de la sensation et de l’expérience sensible, de la notion objective par excellence, de la notion du nécessaire.

L’ordre et la systématisation des sensations, qui résultent de leur analyse, ne sont pas une habitude mentale, une description subjective, conventionnelle, arbitraire comme ils le seraient s’ils restaient fondés sur la séquence causale, au sens de Mill, c’est-à-dire sur une simple association d’idées. Mais ils résultent des propriétés réelles des sensations et de la nature des phénomènes.

Et voilà comment on peut comprendre, ce qui serait