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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

nous montre, dans la cause et l’effet, des relations qui sont fonction l’une de l’autre[1], qui s’impliquent et s’unissent indissolublement dans une même expression, des relations qui sont elles-mêmes en relation entre elles. L’expérience superpose une relation plus haute à des relations inférieures. En d’autres termes, les séparations et les classifications artificielles que nous avons pu tracer dans le domaine de la nature se réduisent progressivement au profit de l’unité de la nature. Cette réduction n’est plus dans l’énergétique un besoin de la pensée, mais elle est fondée sur la nature du réel ; elle est objective, et par là il n’est pas interdit de penser — et Mach lui-même ne s’y refuse pas, car il dit que rien n’empêche de considérer le principe d’épargne comme un moyen provisoire fondé sur quelque assise plus profonde[2] — que le principe d’épargne lui-même a en dernière analyse un fondement objectif dans la nature du réel :

« Nous dirons d’abord que la chaleur est la cause et la force expansive de la vapeur ; cette relation nous est-elle devenue familière, nous nous représentons en une fois la vapeur avec sa température et sa tension correspondantes. De même, nous nous représenterons d’abord l’acide comme la cause qui fait rougir la teinture de tournesol ; plus tard, ce changement de couleur sera énuméré par les propriétés de l’acide…

« L’explication naturelle et toute simple paraît être ; la suivante : les concepts, cause et effet, naissent premièrement de l’effort pour copier les faits. Tout d’abord, il se produit seulement une habitude de lier A et B, C et D, E et F, etc. Si dans la suite, alors que nous possédons déjà de nombreuses expériences, nous observons une liaison de M avec N, il arrivera souvent que nous reconnaîtrons M comme composé de B, D, F, dont les liaisons nous sont déjà familières et semblent revêtues d’une autorité plus haute[3] ».

Si donc la relation causale est une abstraction, un moyen

  1. Die Principien der Wärmelehre, p. 437.
  2. La Mécanique, p. 463 (tr. fr.).
  3. Id., p. 451, 452.