qu’elle est que par rapport aux sensations concomitantes, antécédentes et conséquentes. Le texte n’a de sens que par le contexte.
Mach est d’ailleurs très psychologue. Sa conception de la physique n’est pas sans relation avec un effort pour transposer une conception psychophysique, analogue à celle de Herbart, dans un autre domaine. Tous les travaux modernes de psychologie tendent effectivement, d’ailleurs, à nous montrer que la sensation est dépendante d’influences très complexes, en particulier, de toutes les sensations environnantes, données par les autres sens : une sensation lumineuse n’est-elle pas accrue par une sensation sonore, et d’une façon sensible, même sans dispositif expérimental ? Une sensation dépend donc de relations complexes. Elle est ce qu’elle est, en vertu de ces relations ; et elle n’est ce qu’elle est que par ces relations.
L’idéal de la science est déterminé par là sans équivoque. Elle doit chercher les relations dont dépendent nos sensations, on peut même dire : qui constituent les apparences sensibles. C’est en ce sens que la science est une analyse de nos sensations.
Veut-on préciser encore et délimiter dans cette analyse la part propre de la physique ? Il suffira de remarquer que les relations dont dépendent nos sensations sont de deux sortes. Les unes restent ce qu’elles sont, quels que soient ma position, dans l’espace, mon état physiologique, les témoins considérés ; ce sont des relations indépendantes de moi, dans lesquelles je ne joue aucun rôle, si ce n’est celui d’enregistreur : ces relations sont dites extérieures et sont l’objet des sciences de la nature. Les autres, au contraire, sont influencées par moi, dépendent de mon état propre, ne sont pas données à mes voisins comme à moi. Ces relations qui, remarquons-le, portent sur les mêmes sensations que les relations dont nous parlions tout à l’heure, devront être analysées par les sciences psychologiques.
Voici un morceau de soufre ; il est éclairé ou dans l’ombre ; il cristallise de telle façon, il s’électrise de telle autre ; il donne telle ou telle sensation de résistance, de
