saire à la compréhension de la science, et l’histoire reproduit tous les efforts, heureux ou malheureux, pour atteindre un système unique dans une marche progressive, où les erreurs elles-mêmes, en vertu d’une nécessité quasi-logique, ont leur fécondité ?
« Certes, l’histoire de la science montre que les conceptions scientifiques subjectives de l’Univers, que se forment les individus, sont toujours corrigées et étendues par d’autres. Dans la conception de l’Univers que l’humanité se construit, on ne peut, pour longtemps encore, reconnaître que les traits les plus caractéristiques des conceptions des hommes les plus illustres[1] »… Mais :
« Lorsque nous voyons la société actuelle changer fréquemment d’avis sur une même question et modifier son point de vue suivant les dispositions et les situations du moment, ce qui ne peut se passer sans un trouble moral profond, nous devons considérer cet état de choses comme une conséquence naturelle et nécessaire de ce que notre philosophie a d’inachevé et de transitoire. Une conception suffisante du monde ne peut pas nous être donnée, nous devons l’acquérir, et ce n’est qu’en laissant le champ libre à l’intelligence et à l’expérience, là où elles doivent décider seules, que nous pouvons espérer nous rapprocher, pour le bien de l’humanité, de l’idéal d’une conception unilaire du monde qui, seule, est compatible avec l’ordonnance d’un esprit sainement constitué[2] ».
7. — La synthèse unitaire des coiinaissancos physiques à laquelle vise la science dans son développement formel n’a pas, du reste, une simple valeur d’épargne et de coordination harmonique. Elle n’est pas un couronnement esthétique de l’œuvre scientifique. Mach qui fait jouer un rôle si grand à l’expérience et aux données objcclivcs à chaciuc élape de la construction scientifique n’a garde de se départir ici de cette idée directrice centrale. Le mot « formel » n’a pas le sens purement formaliste cl scolastique qu’on pourrait être tenté de lui donner : il n’exprime pas du tout un enchaî-
