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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

logique et par suite dans la théorie de la science, le principe de la moindre action et du travail maximum,

« Il s’agit de disposer dans un ordre synoptique les faits qui se présentent et qu’il faut reconstruire par la pensée, d’en former un système de telle façon que chacun d’eux puisse être retrouvé et rétabli avec la moindre dépense intellectuelle. On cherche à apporter toute l’uniformité possible dans cette méthode de reconstitution, afin de pouvoir se l’assimiler aisément,

« Il faut d’ailleurs remarquer que les périodes d’observation, de déduction et de développement formel ne sont pas nettement séparées ; souvent, au contraire, ces différents processus marchent côte à côte, quoique dans l’ensemble on ne puisse méconnaître leur succession. Toute science se propose de remplacer et d’épargner les expériences à l’aide de la copie et de la figuration des faits dans la pensée. Cette copie est, en effet, plus maniable que l’expérience elle-même, et peut, sous bien des rapports, lui être substituée ». La démonstration générale, la communication de la science par l’enseignement, l’existence d’une écriture universelle (l’algorithme mathématique) en sont des preuves. De même l’abstraction indispensable à la science et l’emploi du calcul.

« Toute science a pour but de remplacer l’expérience par les opérations intellectuelles les plus courtes possibles[1] ».

On voit de suite qu’à entendre ainsi le travail psychologique qui modifie les données objectives de l’expérience, il est impossible de dire que celles-ci soient altérées et perdent de leur objectivité. L’activité du savant n’intervient que pour donner une forme commode à un système dont non seulement tous les éléments, mais encore les articulations émanent directement de l’objet d’une façon manifeste ou cachée[2]. Seul, dépend du savant le mode de protection qu’il choisit pour le représenter. Et encore il doit respecter une certaine perspective, en ce sens que l’angle

  1. Mach, La Mécanique, tr. fr., p. 397.
  2. Mach, Die Principien der Wärmelehre, p. 436.