subi l’influence. Si la connaissance est une empreinte de l’objet sur l’esprit, elle est en même temps un travail de l’esprit sur l’objet ou plutôt sur la connaissance immédiate qu’il en a. La connaissance est l’acte commun du connaissant et du connu. En ce sens, la théorie et l’histoire de la science sont une véritable psychologie et Mach observe fréquemment dans ses nombreux travaux de critique et d’histoire qu’il ne fait en somme que des observations psychologiques[1].
5. — Le travail de l’esprit sur les résultats de l’expérience n’est pas d’ailleurs une altération de l’expérience. Bien loin de là ! Il n’est qu’un moyen de la mieux comprendre ou de la mieux traduire. Il reste, selon la forte expression de Mach, une adaptation[2].
Cette adaptation a un principe directeur qui, dans l’énergétique contemporaine, dans les théories actuelles de la science, et notamment dans l’œuvre de Mach, joue un très grand rôle : le principe de « l’économie de la pensée[3] ».
Toute science, mais en particulier les sciences physicochimiques, visent à exprimer le plus grand nombre de faits sous le plus petit volume de formules. Si le savant condense d’abord l’expérience dans un grand nombre de lois empiriques, puis si, dans la phase déductive et mécaniste, il ramène celles-ci à un très petit nombre d’entre elles ; enfin si, dans la phase formelle, il formule un schème suffisant à tout le développement d’une science, c’est pour arriver au système le plus clair, par suite le plus facilement compréhensible, le plus aisément transmissible, le plus commodément applicable. L’expérience ne subit pas d’autre modification, pas d’autre altération de la part de l’activité du savant que les modifications qui peuvent économiser l’effort de la pensée. C’est, transporté du domaine de la mécanique dans celui de la psychologie et de la
