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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

n’est pas nouveau, et je ne crois pas qu’actuellement, qu’on parle de suggestion de l’expérience, ou d’utilisation pratique, on s’oppose à cette interprétation.

Mais ce qui fait l’originalité de Mach, c’est la manière dont il l’établit. Au lieu d’une vague discussion générale, il prend les propositions et les raisonnements de Galilée, de Huyghens et de Newton, les analyse avec une remarquable fidélité, pas à pas, et montre qu’ils impliquent à un moment précis la constatation empirique du fait. Ils ne sont logiques, ils n’existent qu’à cette condition. Reprenons rapidement par exemple les huit définitions premières, les trois lois principales du mouvement et leurs corollaires énoncés par Newton en tête des Principia philosophie naturalis.

« Définition I. — La quantité de matière se mesure par la densité et le volume pris ensemble. Je désigne la quantité de matière par les mots de corps ou de masse. Cette quantité se connaît par le poids des corps : car j’ai trouvé, par des expériences très exactes sur les pendules, que le poids des corps est proportionnel à leur masse ; je rapporterai ces expériences dans la suite.

» Définition II. — La quantité de mouvement est le produit de la masse par la vitesse.

» Définition III. — La force qui réside dans la matière (vis invita) est le pouvoir qu’elle a de résister. C’est par cette force que tout corps persévère de lui-même dans son état actuel de repos ou de mouvement en ligne droite.

» Définition IV. — La force imprimée (vis imprima) est l’action par laquelle l’état du corps est changé, soit que cet état soit le repos, ou le mouvement uniforme en ligne droite.

» Définition V. — La force centripète est celle qui fait tendre les corps vers quelque point, comme vers un centre, soit qu’ils soient tirés ou poussés vers ce point, ou qu’ils y tendent d’une façon quelconque.

» Définition VI. — La quantité absolue de la force centripète est plus grande ou moindre, selon l’efficacité de la cause qui la propage au centre'.