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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

(un déplacement mécanique) ne produira pas nécessairement de la force vive, mais encore de la chaleur, de l’électricilé, etc., etc. ; de même une force vive peut ne pas être produite par un déplacement mécanique, mais par une destruction de chaleur, un courant électrique, etc. Rien n’autorise à considérer tous ces nouveaux termes comme une forme apparente d’un travail mécanique ou d’un mouvement cachés. On l’a cru, parce que c’est à propos des phénomènes mécaniques que le principe fut d’abord formulé. Il n’y avait aucune autre raison, il n’y a aucune raison de le croire[1].

5. — Il n’y a non plus aucune raison de croire qu’un « examen plus approfondi et plus général des sciences de la nature ait premièrement été la conséquence de la conception mécanique de l’univers[2] ». Le mécanisme n’est pas par lui-même une bonne formule d’études comme on l’a soutenu quelquefois, et qui se recommanderait sinon par sa valeur théorique, au moins par ses services pratiques dans la chasse de Pan. Mach croit que la construction de la mécanique, comme les autres progrès de la physique, sont dus à des causes plus générales, qu’ils sont des effets parallèles et partiels d’une même attitude d’esprit, une conséquence des mêmes principes fondamentaux de la recherche. Mais la mécanique est effet partiel, conséquence partielle, résultat. Elle n’est pas cause, elle n’est pas principe. Ce qui est utile dans la construction de la physique, le facteur de ses progrès, ce n’est pas la conception méca niste, c’est une conception plus ample et plus profonde dont la conception mécaniste est une application momentanée, relative et particulière. En quoi consiste cette conception générale ? On en trouve aisément les caractéristiques essentielles en analysant l’œuvre des grands investigateurs de la nature. On voit alors qu’ils ont toujours cherché à « faire alterner la considération du phénomène particulier avec celle de l’ensemble total ». Ils ont continuellement comparé — et Mach élève la comparaison au

  1. Mach, La Mécanique, trad. fr., pg|468, 469.
  2. Id.