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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

2. — b) Comparons d’ailleurs les idées directrices des divers domaines de la physique, et cherchons pour chacune d’entre elles dans une branche, celles qui leur correspondent dans les autres branches, en considérant la mécanique comme une de celles-ci. Au lieu de trouver dans les différentes branches des lois dérivées, conséquences des principes de la mécanique, on trouve, au contraire, des principes comparables à ceux de la mécanique. Ils ont une extension et une compréhension analogues. Les lois générales de la mécanique sont donc sur le même plan, sur le même niveau que les autres lois générales de la physique : elles ne leur commandent point.

Ainsi, les températures et les potentiels électriques, chimiques, correspondent aux vitesses des masses en mouvement. « Une valeur donnée de la vitesse, de la température ou du potentiel ne varie pas d’elle-même. La masse correspond à la capacité calorifique, la quantité de chaleur au potentiel d’une charge électrique, l’entropie à la quantité d’électricité[1], etc. » On pourrait poursuivre ces analogies. Mais il suffit de les énoncer pour montrer que les concepts de masse ou de vitesse n’ont rien en eux-mêmes qui indique que les autres concepts dont use la physique s’y doivent réduire. Pourquoi essayer de ramener la chaleur et la température, la quantité d’électricité, le potentiel d’une charge électrique, etc., à des modalités du mouvement moléculaire, c’est-à-dire à des masses et à des vitesses, puisque masses et vitesses sont leurs analogues dans le domaine du mouvement ? Toutes ces notions sont dos définitions parallèles, qui jouent un rôle parallèle selon l’apparence phénoménale sur laquelle nous concentrons notre attention. Rien n’autorise à faire de certaines d’entre elles, celles qui touchent au mouvement et à la mécanique, le fondement nécessaire de toutes les autres[2].

3. — Dira-t-on qu’en procédant ainsi, on donne une forme plus simple, plus commode, plus systématique à l’ensemble des connaissances physiques ? On diminue le

  1. Mach, La Mécanique, tr. fr., p. 467.
  2. Die Principien der Wärmelehre, p. 396.