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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

relatifs aux masses, aux mouvements et aux vitesses, aux espaces parcourus et aux temps employés à les parcourir, aux forces et aux accélérations, c’est-à-dire aux changements de vitesse dans le mouvement des corps matériels. Depuis Galilée jusqu’à Newton, en passant par Kepler, Descartes, Roberval, Guericke, Fermat, Torricelli, Wallis, Mariotte, Boyle, Huygens, Lami, etc., on ne s’occupe que de relations entre les masses, des mouvements, des temps et des espaces. Il se trouve que ces relations s’expriment très facilement sous l’orme numérique et géométrique et constituent presque immédiatement un système remarquable par son unité, sa simplicité, sa logique : il embrasse les mouvements de masses dont l’énormité dépasse les exagérations faciles de rimagination. Il s’étend jusqu’aux oscillations d’un pendule, ou aux tremblements des grains de poussière. Il s’applique à tous les mouvements non contrariés que la nature nous permet d’observer. On découvre, à mesure qu’on expérimente, que tout est pondérable, et par suite obéit aux lois de la mécanique. De là, la croyance naturelle, instinctive, nécessaire, que ce système si simple et si logique est le système complet de la nature : l’ensemble des conditions nécessaires et suffisantes de l’univers. Et comme dans cette voie les succès s’ajoutent aux succès, comme d’autre part on peut toujours, s’il y a infraction aux prévisions de la mécanique, supposer un agencement nivisible des particules qui expliquent cette inl’raction apparente par les lois mêmes qu’elles semblaient violer, la conception mécanique de la nature nous apparaît comme une hypothèse fort explicable historiquement, et fort utile pour un temps[1].

2. — Ces circonstances historiques, les progrès dont la science lui sont redevables, excusent le mécanisme[2].

Mais elles ne sont qu’une excuse, elles ne sont pas une

  1. Andrade (Revue de métaphysique, mars 1899, p. 178), développe la même idée que Mach : le mécanisme est dû à des associations d’idées fortuites ; ces associations d’idées ont leur cause dans l’ordre historique fortuit des découvertes qui concernent les phénomènes naturels.
  2. Mach, La Mécanique, trad. fr., p. 460.