Page:Rey - La Condition juridique des étrangers en Corée, 1908.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
LA CONDITION JURIDIQUE

à moins d’une annexion qui serait en contradiction avec les engagements solennels du Japon, les nations occidentales ont des raisons sérieuses pour ne pas accepter de modifications à la situation actuelle et pour ne pas renoncer à leurs privilèges[1].

Le peuple coréen, par son indolence, a montré qu’il était. totalement incapable d’entrer de lui-même dans la voie des réformes. Quant au Japon, qui a assumé la tâche de lui servir d’éducateur, ses tentatives nombreuses ont jusqu’ici échoué.

Les Japonais n’ont réussi qu’à soulever contre eux la haine de la population, et l’œuvre des réformes en Corée n’a pas avancé. Aujourd’hui qu’ils ont les mains libres dans la péninsule, garderont-ils plus de ménagements qu’autrefois ? Les derniers événements et les révoltes qu’a suscitées l’occupation militaire de la Corée font craindre qu’il n’en soit rien. Dans ce cas, les privilèges des Occidentaux, fondés sur le défaut de garanties de la part de l’administration et de la justice coréennes, devront subsister jusqu’au jour, peut-être éloigné, où une amélioration sérieuse se sera produite[2].

Il ne faut pas oublier d’ailleurs que le Japon lui-même, aujourd’hui maître des destinées de la Corée, n’a été admis que depuis quelques années au régime du droit commun des nations occidentales. Jusqu’en 1900 les étrangers y possédaient le privilège d’exterritorialité. Ce n’est qu’à la suite de tentatives nombreuses et toujours repoussées jusqu’aux dernières années du XIXe siècle, que cet État a obtenu la renonciation des puissances étrangères aux immunités dont jouissaient leurs nationaux. La façon dont le Japon a quelquefois usé, vis-à-vis des Occiden-

  1. Au mois de juillet 1907, sous la pression du Japon, l’Empereur de Corée a abdiqué et a été remplacé sur le trône par son fils Yi-Siok ; celui-ci a signé, le 25 juill. 1907, une nouvelle convention avec le Japon qui accentue la mainmise du gouvernement de ce pays sur la Corée.
  2. Constatons, à l’honneur du Japon, que le gouvernement de ce pays paraît avoir pris sa tâche au sérieux. D’un document officiel, publié à Séoul en janvier 1907, il résulterait que le Japon a abordé avec énergie l’œuvre des réformes en Corée : construction de routes et de chemins de fer, adduction d’eau potable dans les villes, création d’hôpitaux, organisation de l’instruction publique, réorganisation de la police, de l’administration, de la justice, des finances, encouragements à l’agriculture, au commerce et à l’industrie, telles sont les principales réformes et améliorations que le Japon, depuis 1904, aurait entrepris d’apporter en Corée. V. Administrative Reforms in Korea, H. I. J. M’s Residency general, Seoul, January 1907, 1 broch. de 19 pages, Hodge et Co, printers.