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DES ÉTRANGERS EN CORÉE.

au visa des autorités locales. Ces passeports, qui doivent être produits à toute réquisition, donnent au porteur le droit de circuler librement et de se procurer les moyens de transport nécessaires (traité avec la France, art. 4, § 6).

Un Anglais, qui a parcouru la Corée, fait remarquer à ce propos que l’assistance officielle est indispensable pour voyager à l’intérieur, car, par suite de l’état misérable de la population, il est difficile de se procurer des bêtes de charge, des vivres et même un abri. Pour éviter ces inconvénients, le département des affaires étrangères à Séoul délivre aux voyageurs un document appelé kuan-chow, qui autorise le porteur à employer les courriers du gouvernement et les bâtiments de l’État (yamen), et qui oblige les habitants à fournir des vivres et des fourrages. Ceux-ci s’efforcent souvent d’ailleurs de se soustraire à ces réquisitions en cachant leurs provisions et en invoquant leur misère, mais la production aux autorités locales de l’ordre du gouvernement permet d’obtenir les vivres et les moyens de transport nécessaires. au voyage[1].

Les étrangers qui voyagent sans passeport au delà des limites où les traités leur permettent de circuler librement sont arrêtés par les autorités locales et remis au consul de leur nation le plus proche du lieu de leur arrestation. Celui-ci doit les punir d’une amende de cent piastres mexicaines au maximum, avec la faculté de prononcer un emprisonnement d’un mois au plus (art. 4, § 6).

L’obligation du passeport pour voyager dans l’intérieur est aussi imposée aux officiers et aux marins des navires de guerre étrangers, qui sont autorisés à descendre à terre, même dans les ports non ouverts (art. 8, § 2).

Ces restrictions n’atteignent pas les membres du corps diplomatique et consulaire, qui ont le droit de voyager librement sur tout le territoire de la Corée : les autorités impériales doivent leur fournir des passeports et une escorte pour assurer au besoin leur protection (art. 2, § 2)[2].

  1. Georges N. Curzon, op. cit., p. 102.
  2. Il résulte de ces différentes clauses que le Gouvernement coréen peut toujours s’opposer au voyage des étrangers dans l’intérieur, en refusant de viser les passeports délivrés par les consuls. Deux catégories d’étrangers seules ont le droit de circuler librement sur tout le territoire de l’Empire, les agents diplomatiques et consulaires et les étrangers qui voudraient voyager dans l’intérieur dans un but scientifique, le Gouvernement s’engageant dans les traités à leur donner « aide et assistance ».