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JEAN-JACQUES ROUSSEAU

le plus de liberté d’esprit, de confiance, avec parfois un ton de gazette. Elle se hasarde à lui reparler de Mme d’Épinay, de M. d’Epinay, qui fait jouer dans un concert spirituel, sans en prévenir l’auteur, le motet qu’il a composé jadis pour la Chevrette[1] , de Mme de Luxembourg, de Mme d’Houdetot, qu’elle voyait assez souvent, un jour même, — j’ai cité ce passage plus haut, — en se moquant de son nez.[2]

Au commencement de septembre, Mme de Verdelin profita d’un voyage aux eaux de Bourbonne, qui avait été ordonné à l’une de ses filles, pour réaliser le projet longtemps caressé d’une visite à l’hôte de Motiers. Là, témoin d’une partie des mauvais traitements qu’il y avait à supporter, elle comprit la nécessité pour lui d’une expatriation nouvelle, et se prononça très nettement pour un refuge en Angleterre.[3]

Le philosophe se met en route pour Berlin, au mois de novembre 1765. Il arrive à Strasbourg exténué, incapable, au moins provisoirement, d’aller plus loin ; ses incertitudes le reprennent. Mme de Verdelin lui écrit le 28 novembre : « Mme d'Houdetot et M. de Saint-Lambert s’occupent de vous on ne peut plus honnêtement. L’un vous offre un repos en Normandie (on connaît les terres de M d’Houdetot en cette province), l’autre en

  1. Streickeisen-Moultou, II, 524, 537.
  2. En novembre 1764, Mme de Verdelin rencontrait Mme d’Houdetot à Maubuisson. Elle allait voir deux de ses filles, qu’elle y avait placées pendant une maladie contagieuse de la troisième.
  3. Voir, sur cette période, la très curieuse étude dramatique en trois actes de M. Édouard Ron, le Réformateur, représentée le 20 mai 1906 au Nouveau-Théâtre, à Paris.