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tâtonne, on attend. Cela vaut mieux que si la multiplicité des championnats et l’abus des tournées sportives avait détruit par avance l’eurythmie qu’il faut chercher à réaliser chez l’étudiant entre sa valeur musculaire et sa valeur cérébrale ; mais il serait temps d’étudier sérieusement les bases d’un régime tendant à préparer l’avènement de cette eurythmie-là.

Le terrain sportif n’est pas le seul qui doive s’ouvrir à une féconde activité universitaire. L’étudiant a, de nos jours, une autre mission à remplir. Au siècle dernier, il était féru de politique. On le trouvait mêlé à Toutes les agitations de la parole et de la presse. Le rôle qu’il y a joué ne doit pas nous inciter à désirer qu’il s’y intéresse de nouveau. Mais puisque les politiciens négligent obstinément la question la plus intéressante et probablement la plus pressante d’aujourd’hui, celle de la diffusion de l’Instruction générale parmi les travailleurs manuels, il serait doublement désirable de voir les étudiants s’en éprendre et s’y consacrer.

Il faut pour cela qu’ils répudient à la fois leurs prétentions sociales à faire de droit partie d’élites « dirigeantes », leur dédain à l’égard des « Foules » et des « vulgarisations », leur croyance à la valeur universelle des spécialismes exclusifs — et que, modestement et résolument, ils s’encastrent dans la Société nouvelle qui s’édifie d’un labeur pénible avec des matériaux nouveaux et une architecture renouvelée. Cela exigera de leur part peut-être un effort méritoire mais ils y trouveront en fin de compte de hautes satisfactions qui constitueront la juste récompense de leur abnégation.

Et, en marge de cet effort-là, l’effort sportif individuel peut les aider puissamment…


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