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vêtements et le disposent, nu, sur la pierre ; ce sont eux qui, deux fois par an, débarrassent la plateforme des squelettes et les précipitent dans un puits spécialement ménagé au centre de l’édifice. Les familles viennent prier dans une chapelle voisine où un prêtre entretient le feu sacré.

Il est curieux de se rendre compte des précautions très minutieuses imaginées par les parsis pour se garantir à jamais du contact impur de leurs morts. Les eaux pluviales souillées qui ruissellent des dakhmas sont détournées dans des canaux et s’écoulent à travers plusieurs filtres de sable fin et de charbon pilé avant de se mêler à la terre. D’ailleurs les tours elles-mêmes sont censées suspendues, complètement isolées du sol grâce à l’accomplissement de certaines formalités magiques immédiatement avant leur construction.

Aussi grande est l’horreur du cadavre, aussi profonde est la vénération pour l’âme, la piété pour la fravashi. Les mazdéens sont spiritualistes. Leur religion accuse très fermement la croyance en la vie éternelle. Mais pour eux l’âme humaine n’y atteint qu’après force tribulations, ayant subi d’étranges épreuves dans l’invention desquelles il est facile de découvrir l’influence atavique des croyances païennes antérieures au zoroastrisme.

L’âme est jugée seulement trois jours après la mort. Ces trois jours sont pour elle l’antichambre de la vie future : elle est inquiète, elle continue de hanter le corps. À l’expiration de ce délai, l’âme voyageuse arrive à un pont gigantesque jeté sur un abîme et gardé par trois anges : Mithra, le soleil aux mille yeux et aux mille oreilles qui a tout vu, tout entendu et témoigne des actes de l’homme ; Rashun, symbole de la droiture, qui porte la balance où vont être pesées les bonnes et les mauvaises actions ; le troisième est indéterminé.

Aussitôt après la pesée, l’âme continue sa route. Elle arrive à un autre pont suspendu sur l’enfer et conduisant au paradis. Elle y rencontre un bon et un mauvais génie : le premier la soutient, le second la bouscule, et, suivant sa valeur, elle entre en paradis ou elle tombe en enfer. Elle y attendra l’heure de la résurrection.

La résurrection des morts couronne l’œuvre du mazdéisme. Trois mille ans après Zoroastre doit naître le Sauveur dont l’in-