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REVUE POUR LES FRANÇAIS

hauteur d’une religion : voilà comment, sans doute, la Perse antique étonna le monde par sa fertilité !

Le credo mazdéen se résume en ces déclarations : « Je me déclare adorateur de Mazda, disciple de Zarathoustra, ennemi des daêvas (démons)… ; je loue et appelle les bonnes pensées, les bonnes paroles, les bonnes actions, dans ma pensée, dans ma parole et dans mon action… ; je loue la bonne religion de Mazda qui bannit les querelles, fait déposer les aimes, etc… »

Le mazdéisme est une religion agissante. Faire le bien ne suffit pas : il faut haïr le mal, combattre les méchants, s’acharner même après eux. Pour ce faire, il faut être fort : voilà pourquoi cette religion réprouve l’ascétisme, condamne les privations et proclame le jeûne un péché. Elle est favorable au mariage qui lui crée de nouveaux soldats. Elle aime la richesse pour l’excellent emploi qu’on en peut faire. « Le riche vaut mieux que le pauvre » affirme-t-elle, parce que le riche qui fait un bon usage de sa fortune lui semble mieux armé pour accomplir le bien et lutter contre les méchants.

Cette préférence marquée pour la force, pour la fortune, doit être interprétée au sens élevé que prétend lui donner l’Avesta. Elle est en soi profondément choquante et semblerait odieuse si nous voulions l’analyser selon les principes de la morale chrétienne. Il en est de même de la prédilection du mazdéisme pour les mariages consanguins. Il était louable, dans la Perse ancienne, d’épouser sa mère ou sa sœur, « comme imitation des incestes nécessaires du commencement de l’humanité ». De fait le roi Cambyse épousa ses deux sœurs ; Artaxercès Longue-main, sa fille ; Sisimithrès, roi de Bactriane, sa mère… et nous pourrions multipliera l’infini ces exemples tirés de l’histoire. La tradition s’en est perdue et les parsis actuels s’épousent seulement entre cousins. Sauf cette particularité qui, jugée dans l’esprit de notre temps, nous semble infâme, le mariage mazdéen offrait des garanties qu’on chercherait vainement dans beaucoup de religions postérieures. La monogamie était de règle et la répudiation n’était pas tolérée. Un cas unique autorisait la bigamie : lorsque l’épouse était stérile et consentait expressément au second mariage de son mari.

Telle est, très résumée, la morale mazdéenne. Elle professe une remarquable indulgence à l’égard des individus étrangers à sa foi : tel acte impardonnable à un parsi doit être pardonné à l’infidèle, « parce qu’il ne savait pas ».