Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée
524
REVUE POUR LES FRANÇAIS

Le résultat le plus frappant de ces élections est la déroute des socialistes. Depuis la création de leur parti, chaque nouveau Reichstag les avait connus plus nombreux : aux dernières élections, ils gagnèrent vingt-trois sièges. Ils en perdent aujourd’hui trente-six. Cet échec leur a semblé d’autant plus dur qu’ils escomptaient, cette fois encore, un franc succès. Par contre, il a réjoui leurs adversaires en Allemagne et en tous pays ; un grand nombre d’entre eux ont voulu voir dans cet échec un coup mortel porté aux doctrines socialistes et le prélude de leur irrémédiable décadence. Sans vouloir ôter à quiconque de respectables illusions, nous devons dire que pareille explosion d’enthousiasme ne nous semble pas justifiée.

Sans doute, en 1898, les socialistes allemands avaient 56 sièges de députés ; aujourd’hui ils en ont seulement 43. Mais leurs 56 députés de 1898 avaient été élus par 2.120.000 votants, tandis que leurs 43 députés de 1907 représentent 3.250.000 voix ! Au Reichstag, ils constituent à peine un neuvième de la représentation nationale mais, en réalité, leurs trois millions de suffrages représentent plus du quart des électeurs allemands. Leur situation n’est donc pas désespérée et cette constatation prouve simplement que le parlement allemand n’est pas du tout formé à l’image de l’opinion allemande.

Sans parler de la pression qu’exercèrent au grand jour et par tous les moyens les membres du gouvernement, le chancelier, les princes eux-mêmes, en faveur de leurs candidats, il ne faut pas oublier que les lois constitutionnelles ont été manifestement violées en plus d’une occasion pour leur assurer la victoire. Les circonscriptions électorales ont été habilement taillées ; c’est ainsi qu’il a fallu près de 100.000 voix à M. X…, candidat socialiste, pour être élu dans la sixième circonscription de Berlin tandis que, dans la première, 8.000 voix ont suffi pour envoyer au Reichstag M. Y…, candidat gouvernemental. Bref, la sozialdemokratie allemande a succombé dans une lutte parfaitement inégale où tout, d’avance, était organisé contre elle. Les résultats médiocres qu’elle en a tirés peuvent donc sembler considérables en raison des difficultés qu’elle a dû combattre.

L’influence française en Orient.

Les subventions aux écoles françaises d’Orient ont été discutées cette année plus âprement qu’à l’habitude dans les deux chambres.