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LA CRISE DE LA CONSTRUCTION AUTOMOBILE 9o5

machine ; les autres de refus de livraison des agents de l’étranger, notamment des Américains ; ceux ci des restrictions de crédit apportées par les banques ; ceux-là d’une sorte d’allollement conta gieux provoqué par l’exemple de la situation de la construction automobile en Italie, etc., etc.

Nous avons pu nous faire une opinion moyenne en consultant quelques industriels bien placés pour porter un jugement éclairé et impartial sur la situation. Voici, esquissée à grands traits, la genèse de la crise actuelle.

La construction automobile en France prospérait merveilleuse ment depuis 1900, nos champions gagnaient toutes les grandes courses internationales, les étrangers nous commandaient les voi tures par milliers et nos exportations augmentaient régulière ment de 20 millions par année. Pour suivre les progrès incessants de la construction et pouvoir servir une clientèle toujours plus nombreuse, les usines anciennes s’agrandissaient sans cesse pen dant que de nouvelles s’édifiaient partout à Paris et en province. Les frais de publicité étaient énormes, car il fallait soutenir sa marque dans des courses qui revenaient très cher, soit en dépen ses directes, soit en construction de modèles spéciaux souvent recommencés, d’un prix de revient exorbitant. De telle sorte que tout en gagnant beaucoup d’argent, personne ne pouvait songer à amortir les usines ou à faire des réserves pour parer aux mauvais jours. On vivait partout dans un bel op timisme avec le secours des banques d’escompte et sans aucun fonds de roulement.

Il n’y avait qu’un arrêt dans cette course vertigineuse qui put permettre de se ressaisir, de réfléchir, de voir clair en soi et au tour de soi. Cet arrêt vient de se produire. Quelle en a été la cause ? La voici : On connaît la méthode com merciale adoptée par la plupart des grands fabricants d’automo biles. Ils ne vendent pas directement à la clientèle, mais ont des agences dans les grandes villes de France et à l’étranger. Pour se parer de ce titre d’agent, la seule condition, mais elle est rigou reusement exigée, c’est d’acheter ferme un certain nombre de machines. On sait la vogue qu’eut ce système et pendant longtemps l’amateur d’automobile, désireux d’être vite servi paya une prime pour avoir un tour de faveur. On faisait attendre trois mois, six mois, un an même la livraison d’une machine. Ce que voyant, les agents par spéculation, commandèrent à tour de bras aux fabri