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LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT

contre la démocratie, c’est ridicule de voir des gens se mettre en colère contre la température qu’il fait dehors ». Et il avait raison, c’est ridicule, on travaille par tous les temps.

Donc dehors, il fait égalitaire et ce temps-là n’est pas près de changer. Comment maintenant peut-on égalitariser l’enseignement ? Par le point d’arrivée ?… C’est absurde. Par le point de départ ?… c’est juste. Prenez de nos jours, en France, un « primaire supérieure » et un « secondaire ». Les programmes ont des contacts nombreux. Ont-ils pourtant jamais l’air, ces deux éphèbes, d’avoir appris les mêmes choses ? Je vous le demande. Prenez cet enseignement post-scolaire, ces universités du peuple qui tâtonnent chez nous parce qu’elles sont mal parties, avec des préjugés et des a priori plein leurs poches mais qui s’efforcent certainement vers le mieux. Eh bien ! Ce qu’on y apprend a-t-il une analogie avec ce qu’apprennent nos potaches ?

Il y a là, croyez-le bien, un grand facteur de paix sociale qui fait défaut. Ce qui rend à la société le travail si lent et si difficile, c’est avant tout, que chaque équipe accomplit sa besogne isolément, à couvert, invisible pour l’équipe voisine et ne la voyant pas. On dit souvent, du travailleur manuel français — de celui de Paris surtout — qu’il est plus instruit que ceux des autres pays et des autres villes. C’est très vrai mais ils ne sont pas instruits dans la même ligne avec les mêmes méthodes que les autres citoyens. Ah ! si le point de départ était identique, comme chacun admettrait cette inégalité qu’impose le bon sens et qui fait que tous n’atteignent pas, ne peuvent pas atteindre au même niveau. On ne l’admet pas parce que l’enseignement secondaire actuel est une sorte de mandarinat, à une époque ou le respect du mandarin ne repose plus sur rien de solide ni de raisonnable. Faisons en sorte que, mentalement du moins puisque cela ne peut se réaliser encore moralement, toute la race marche sur la même route vers les sommets. Alors croyez-le, les défiances tomberont et les haines s’apaiseront. Alors ceux que les hasards de la vie auront poussés à l’avant-garde seront vraiment considérés par le gros de l’armée comme des serviteurs du bien public ; et la conscience d’une si haute mission acceptée et reconnue les rendra plus digne de l’exercer ».

M. de Coubertin a terminé sa conférence par les paroles suivantes : « L’éducation est le grand levier de l’ère moderne. Songeons avant tout à l’employer. Ce soir j’ai heurté peut-être des