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REVUE POUR LES FRANÇAIS

« minimum de propriété » représentant l’essentiel de la vie et auquel le fisc ne doit pas toucher quitte à réclamer de plus en plus au citoyen dont le superflu va croissant. Par malheur ce sont là des données incertaines. Il s’est probablement passé quelque chose d’analogue dans des circonstances déterminées mais rien ne nous autorise à préciser ni surtout à généraliser.

Le trésor athénien pendant tout le cours du ve siècle se trouva alimenté par l’exploitation directe des mines de plomb argentifère du Laurium. Il en résulta une réserve métallique considérable. Athènes d’ailleurs tant que subsista la Ligue formée à la suite des guerres médiques et présidée par elle, géra les finances des tributaires. Plus tard, survinrent les dépenses de la guerre du Péloponnèse. La solde militaire fut établie à ce moment. Jusque là, l’homme d’armes s’équipait à ses frais et se récupérait par le butin. La solde entraîna des déficits et força l’État de faire des emprunts « à la déesse », c’est-à-dire au trésor de Périclès. L’eisphora fut instituée vers 428 au moment où Mitylène révoltée se joignit à Sparte. Ceci est un fait certain et dès alors elle pesa sur l’ensemble des biens. Mais elle demeura intermittente et militaire et cela malgré qu’une période de grande gêne s’en soit suivie ; l’agriculture ruinée, le commerce et l’industrie en diminution, la défection des alliés, l’appauvrissement général constituaient une situation peu enviable. La démocratie là comme ailleurs se montrait impuissante à y porter remède, multipliant les admirables plans de réformes fiscales mais n’ayant pas le courage de restreindre les dépenses, d’arrêter le gaspillage, de supprimer les réjouissances publiques source de facile popularité. Il est d’autant plus remarquable que les Athéniens n’aient pas songé à rendre l’eisphora permanente en une pareille passe de leur histoire. L’eisphora s’établissait par un décret du peuple que devait simplement précéder la formalité de l’Adeia ou vote de prise en considération. Donc il faut qu’un principe fondamental et jusque-là indiscuté soit intervenu pour empêcher cette société aux abois de chercher par la permanence de l’eisphora à fixer l’équilibre de ses budgets.

Quoiqu’il en soit de la nature de l’eisphora[1] une question très importante pour nous est celle de la manière dont cet impôt était

  1. Consulter sur ces questions les belles Études économiques sur l’antiquité de M. Paul Guiraud, professeur à la Faculté des lettres de l’Université de Paris (1 vol. Hachette et Cie).