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L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

La question intéressante est de savoir « à l’aide de quelles ressources il a obtenu ce surplus de production et quel usage il en a fait. Cette question n’est autre que celle de sa situation financière ». Elle n’est pas très brillante. Sa dette est considérable : 5 milliards de francs — toute proportion gardée deux fois au moins celle de la France. « Alors qu’en France le capital emprunté est, par tête d’habitant, de 677 francs, il est, en Australie, de 1.600 francs. » Son budget est très lourd : 855 millions, chiffre énorme « pour un pays qui n’a que 4 millions d’habitants et ne consacre pas plus de 24 millions à sa défense militaire et navale » !

L’Australie supporte cette situation chargée avec une relative facilité. Il n’empêche qu’elle exige de très grands ménagements. Ayant contracté au dehors la plus grande partie de sa dette, l’Australie, si férue de son indépendance politique, n’a pas su conquérir son indépendance financière. Faute de changer ces conditions, elle découvrira tôt ou tard, à ses dépens, que l’une ne peut aller sans l’autre.

L’aurore australe

Il nous reste à considérer l’attitude de l’Australie dans le monde. « Si lointaine et isolée qu’elle soit, elle a sa place dans notre civilisation, et déjà des intérêts considérables la rattachent au vieux continent. Les Australiens ne paraissent pas s’être rendu compte de l’utilité de ménager ces relations, quoiqu’elles soient surtout à leur profit. Ce n’est pas une raison pour nous de les négliger. » Cette remarque est d’autant plus exacte que l’Australie est un des facteurs les plus importants de l’impérialisme britannique. Son attitude est capable d’influencer, par répercussion, toute la politique extérieure de la Grande-Bretagne.

Nous avons précédemment noté l’indépendance de fait du Commonwealth et l’affectation qu’emploient ses gouvernants à l’affirmer. Parmi les graves problèmes soulevés en ce pays par l’impérialisme figure celui de la défense du territoire. « À l’époque actuelle, l’Australie est protégée surtout par son éloignement et la médiocrité du profit qu’on pourrait retirer d’une expédition dirigée contre elle. Elle pourrait être protégée aussi par la flotte britannique, à supposer qu’elle ne fut pas occupée ailleurs ». La division navale qu’y entretient la métropole est incapable de surveiller une frontière maritime de 140.000 kilomètres. Il faut