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REVUE POUR LES FRANÇAIS

il pleut torrentiellement pendant plusieurs années, pas du tout pendant les suivantes. De grands travaux d’irrigation pourraient donc remédier à ces caprices de la nature. Nous savons qu’on en a entrepris, mais sont ils suffisants ? À présent que les troupeaux se sont reconstitués au cours de quatre bonnes années, il est à craindre qu’on n’oublie les enseignements de la dernière période désastreuse. La prévoyance n’est pas une vertu australienne.

L’élevage du bétail — augmenté du commerce du lait, du beurre et de la viande expédiés jusqu’à Londres en frigorifiques — produit 170 millions par an. En somme « les produits exportés des industries pastorales australiennes atteignent près de 900 millions par an. Ces industries, par leur caractère de durée indéfinie, leurs facultés d’améliorations progressives, les certitudes sur lesquelles elles reposent, l’activité saine qu’elles répandent autour d’elles » sont la vraie fortune du pays. Il était naturel que nous y insistions aux dépens des industries agricoles et même des industries minières.

Celles-ci sont bien connues. Pour celles-là, M. Biard d’Aunet cite, à titre d’indication, deux chiffres qui peuvent donner une vague idée des possibilités d’extension des cultures australiennes et qui méritent, pour ce fait, d’être retenus : « On a constaté, dit-il, que 43 pour 100 seulement de la totalité du territoire du Commonwealth recevaient 37 centimètres de pluie, en moyenne, par an. C’est le minimum nécessaire à la culture. Or les 12 millions d’acres actuellement ensemencés en Australie ne représentent qu’un et demi pour cent de cette superficie. Quant à la surface bien arrosée, c’est-à-dire recevant plus de 75 centimètres d’eau par an, elle comprend environ 25 millions d’acres, et, par conséquent, n’est utilisée que dans la proportion d’un vingtième. Sans asseoir aucune présomption positive sur de pareilles données, on en peut cependant conclure que la terre ne manquera pas au développement de l’industrie agricole australienne. » Les minerais de toute sorte que récèlent son sous-sol sont aussi loin d’être épuisés et atteignent aujourd’hui une production annuelle de 200 millions de francs, soit 600 millions en y comprenant l’or. Ajoutons les manufactures dont le rendement est évalué à 700 millions de francs. En résumé, « le Commonwealth est à la tête d’une surproduction annuelle de 2 milliards de francs en matières premières ou d’alimentation, universellement demandées et de placement usuel sur de vastes marchés extérieurs ».