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L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

chaque année depuis trente ans. Actuellement l’accroissement naturel de la population y est de 14 pour 1.000. Dans ces conditions, « le chiffre de ses habitants n’atteindrait que dans vingt ans à 5.500.000, et l’époque à laquelle elle serait assez nombreuse pour que ce pays prenne rang parmi les grandes puissances serait reculée au siècle prochain. L’importance de cette constatation n’échappera pas au lecteur. Elle commande et limite l’avenir politique et — quoique dans une moindre mesure — le développement économique du continent australien ».

Le territoire de l’Australie « produit aujourd’hui — en quantité énorme — presque toutes les matières nécessaires à l’alimentation humaine et aux industries nées du progrès de la science. Mais, par une singularité qu’aucune autre colonie ne possède à un degré approchant, et qui explique l’impression défavorable des premiers occupants, toute la richesse de l’Australie (à l’exception naturellement de ses mines) a été importée. La faune et la flore australienne n’ont rien offert aux nouveaux arrivants, de même que les sauvages habitants de cette contrée ne leur ont rien laissé ! »

Parmi les ressources naturelles de l’Australie, l’or a droit aux honneurs de la priorité pour le rôle qu’il a joué dans le développement économique, politique et social du pays. En 1851, l’Australie en produisit pour 23 millions de francs. Elle en fournit aujourd’hui pour environ 400 millions par an, chiffre équivalent au cinquième de l’extraction mondiale de l’or.

L’exploitation du précieux métal ne représente pourtant pas la plus grande richesse du pays. L’industrie principale est celle de la laine. « Dans les bonnes années, l’Australie produit actuellement 700 millions de livres de laine, évaluées 700 millions de francs ». Malheureusement cette production est assez instable. Le pays est à peu près périodiquement victime de sécheresses persistantes, ruineuses pour l’élevage. La plus récente a duré sept années — de 1896 à 1903 — et a fauché 40 millions de moutons ! La production lainière étant le premier facteur de la situation économique du pays, celle-ci dépend dès lors absolument des conditions météorologiques. L’absence de pluie est un désastre. Nous nous souvenons d’avoir traversé, en mai 1903, des campagnes entièrement jonchées de squelettes d’animaux. Il nous semble qu’un peu de prévoyance de la part de l’État et des principaux éleveurs atténuerait ces conséquences. La moyenne d’eau pluviale absorbée par le sol australien est, en effet, normale ; elle est seulement mal répartie :