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REVUE POUR LES FRANÇAIS

quelque actualité, le même parlement rédige une motion de sympathie et la fait parvenir par la même voie. L’opinion publique l’encourage dans cette attitude car elle a son mot à dire dans toutes les questions. On a tenu dans les principales villes d’Australie de grands meetings convoqués sur l’initiative d’hommes politiques, au sujet de l’alliance anglo-japonaise, de la juridiction au Natal, du mouvement révolutionnaire en Russie, même de l’affaire Dreyfus. » Ces manifestations sont platoniques et sans danger. Mais l’Australie dépasse la mesure en prétendant subor donner le droit des gens à sa fantaisie législative et en méprisant, sans tenir le moindre compte des nécessités de la politique géné rale de l’Angleterre, les conventions conclues par la Couronne. « Ces velléités exubérantes ont mis souvent à l’épreuve la patience et l’ingéniosité du gouvernement anglais. Quiconque a suivi de près les événements en Australie pendant les dernières années n’a pu qu’admirer cette patience et cette ingéniosité auxquelles est dû le maintien de la cordialité dans des relations que de trop fréquents désaccords rendent assez difficiles ». Ces considérations se rattachent étroitement à la question de l’impérialisme britan nique dont la solution intéresse au plus haut degré la politique de toutes les grandes puissances, à commencer par la France. Nous y reviendrons plus loin.

La valeur matérielle de l’Australie

L’Australie est un continent immense, d’aspects et de climats variés. À l’époque de l’installation des premiers Européens, vers la fin du xviiie siècle, sa population indigène devait atteindre environ 300.000 âmes : elle n’est plus aujourd’hui que de 50 a 100.000 et diminue sensiblement à chaque recensement.

La population blanche, anglaise aux 95 centièmes, compte à peu près quatre millions d’individus. Chiffres en mains, M. Biard d’Aunet nous assure que « la puissance de production de la fraction déjà reconnue exploitable de l’Australie — sans parler des vastes territoires encore inexplorés — pourrait satisfaire aux besoins de 40 millions de personnes ». Cette indication met en lumière l’extrême absurdité des lois dont nous avons parlé, qui ont fermé les portes du pays au moment où son intérêt lui commandait de les ouvrir toutes grandes. D’ailleurs, les Australiens sont rien moins que prolifiques. Le coefficient de natalité baisse