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L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

tations qui vont parfois jusqu’au regret de s’être laissées entraîner dans l’Union. En décembre 1905, les deux chambres de la Nouvelle Galles du Sud adoptèrent ainsi presque unanimement une résolution « exprimant le profond mécontentement de la façon dont les droits des États étaient considérés au Parlement fédéral ». En septembre 1906, l’Assemblée législative de l’Australie occidentale votait une motion, ratifiée en décembre par le Conseil législatif, « affirmant l’inutilité de continuer à faire partie de l’union, et déclarant le moment venu de soumettre à un référendum la question de la rupture du lien fédéral ». « En Queensland, le regret d’avoir adhéré à la Fédération est généralement répandu et ouvertement exprimé ». Bref, l’esprit d’union n’est pas encore fait et chaque État fait bon marché des intérêts communs pour se retrancher derrière « ses droits ». Sans doute le temps atténuera ces difficultés. Elles n’en ont pas moins entraîné jusqu’alors des résultats fâcheux pour la bonne conduite des affaires du pays.

Les rapports du Commonwealth avec la mère patrie n’ont pas toujours été empreints d’une cordialité plus parfaite. Officiellement le Commonwealth of Australia est une dépendance de la Couronne. En fait, il est souverain et son indépendance « atteint la limite extrême compatible avec l’existence d’un lien le rattachant à la métropole ». Entre toutes les colonies britanniques autonomes, l’Australie est géographiquement la plus libre de suivre ses impulsions : elle en a usé largement. Le gouvernement anglais n’intervient jamais dans ses affaires et n’a sur elle aucune autorité directe. Le Commonwealth ne reconnaît à la mère patrie d’autre droit que celui de la défendre contre l’étranger.

Par contre il tient fort à sa qualité de « portion » de l’empire britannique et semble à ce point de vue « avoir pris au sérieux l’originale définition que l’abbé Galiani, il y a cent cinquante ans, donnait de la liberté : le droit de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas ». L’Australie juge et critique avec désinvolture la politique générale de l’empire. « Elle trouverait exorbitant que le gouvernement du Transvaal s’occupât de la législation du Commonwealth sur l’immigration, mais quand l’importation des coolies chinois fut autorisée et réglementée dans l’Afrique du Sud par le gouvernement britannique, pour l’exploitation des mines, le Parlement fédéral australien n’hésita pas à voter une protestation et à l’adresser, par la voie officielle, au cabinet de Saint-James. Si la question du Home rule pour l’Irlande reprend