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revenus plus modérés, justifiant à l’autre bout du monde cette vérité dont nous apprécions la valeur : « il est souvent fâcheux qu’un socialiste soit ministre, mais il est bon qu’il l’ait été. » Bref le développement du socialisme aux antipodes, favorisé jadis par les conditions particulières de la première période de colonisation, semble aujourd’hui bien compromis, « La majorité du pays s’est prêtée à des expériences, parce qu’on ne lui a montré d’abord qu’une partie du programme, et en se disant qu’après tout, on ne la mènerait pas bien loin. Un peu par ignorance, beaucoup par insouciance, elle a laissé faire. Depuis qu’on lui a dit où on voulait la mener, sa défiance est en éveil ».

La Constitution fédérale australienne

La Fédération australienne a été formée en 1901 par l’union des colonies de Nouvelles Galles du Sud, Victoria, Australie méridionale, Australie occidendale, Queensland et Tasmanie, désormais transformées en États (States). Elle fut le résultat d’un mouvement d’opinion préparé de longue date par le célèbre Sir Henry Parkes et dirigé en dernier lieu par M. G. H. Reid, un des hommes politiques les plus considérables et les plus estimés du pays.

Elle n’aboutit pas sans de vives résistances de la part des cinq grandes colonies continentales. Possédant chacune un vaste territoire, ayant vécu pendant plus de cinquante ans dans un état de parfaite indépendance les unes vis-à-vis des autres, et leurs capitales étant séparées par d’énormes distances, ces colonies « avaient géré leurs intérêts propres sans souci d’une future union ». Des sentiments particularistes s’y étaient développés ; bien plus, on se défiait les uns des autres et cette défiance se trouvait portée à ce point que les réseaux des chemins de fer de certains États voisins avaient été construits sur un écartement différent ! Ces sentiments ont failli faire échouer la Fédération et subsistent encore au dessus d’elle : cela complique son fonctionnement.

D’une part, la Constitution, pour être approuvée au référendum, a dû représenter « un minimum de fédération », par conséquent « un minimum de cohésion ». D’autre, part les attributions respectives du Parlement fédéral et des assemblées des États n’ayant pas été tranchées avec une heureuse précision, les conflits sont fréquents et entraînent, de la part des populations, d’amères protes-