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REVUE POUR LES FRANÇAIS

« La rupture du sceau de la douane était bien entendu, interdite ; en sorte que si un paquebot, ayant besoin de ses provisions en cours de route, se permettait cette infraction, il était, dès son arrivée au prochain port de relâche, saisi, jugé et condamné à une forte amende.

« Cette prétention dépassait la mesure tolérable : d’abord, parce qu’un droit à l’importation ne peut s’appliquer qu’à des marchandises importées, c’est-à-dire consommées dans le pays ou débarquées pour cet objet ; en second lieu, parce qu’un bâtiment naviguant en haute mer cesse d’être sous la juridiction des autorités douanières, à quelque titre que ce soit. » Cette question donna lieu à d’interminables conflits et souleva parmi les armateurs une émotion peu sympathique à l’Australie affirmant d’aussi brutale façon ses sentiments exclusivistes.

Ce premier pas accompli, le second fut bientôt fait avec le Post and Telegraph Bill dans lequel le labour party trouva moyen de faire introduire, au milieu des règlements administratifs, une clause par laquelle le gouvernement australien « s’interdisait de subventionner un service postal à moins que la compagnie soumissionnaire eût pris l’engagement de ne pas employer d’hommes de couleur sur ses paquebots. » Les compagnies de navigation employant toutes, suivant leur intérêt bien entendu, des chauffeurs arabes et des domestiques asiatiques, refusèrent d’accepter cette clause ; leurs contrats n’ayant pas été renouvelés, on dut recourir à des expédients pour réorganiser le service postal entre la mère patrie et sa fille turbulente.

Cette œuvre bizarre et néfaste fut couronnée par le Bill relatif à l’immigration. Désirant supprimer la concurrence des étrangers et poursuivant leur but d’isoler l’Australie afin de s’y pouvoir livrer tranquillement à leurs expériences, les socialistes voulurent une loi, non seulement restrictive, mais prohibitive de l’immigration. Ils l’ont obtenue. L’Immigration restriction Act permet au gouvernement fédéral de refuser l’accès de son territoire à tout nouveau venu jugé indésirable. Voici par quel subterfuge : article 3, « l’immigration dans le Commonwealth est interdite à toute personne qui, invitée par un fonctionnaire, ne parvient pas à écrire sous la dictée et à signer en présence de ce fonctionnaire un passage de cinquante mots en une langue choisie par ce fonctionnaire ». Cette épreuve s’appelle le test. Nous en avons constaté personnellement l’application pendant notre séjour en Australie.