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L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

nale : bien au contraire, il est exclusiviste et ne souffre pas de concurrence. Nous en trouvons la preuve dans l’attitude politique du labour party au cours des années récentes ou s’affirma son influence. Le travail législatif accompli sur ses instances semble avoir eu pour objectif l’isolement de l’Australie. Il est principalement représenté par trois grandes lois relatives aux douanes, aux postes et télégraphes et à l’immigration. Nous les allons passer en revue, regrettant de ne pouvoir, en un aussi bref exposé, résumer à leur suite la magistrale étude de M. Biard d’Aunet sur l’arbitrage en matière de conflits du travail[1]. Contentons-nous de la signaler aux lecteurs désireux d’en d’acquérir une exacte notion.

Le Customs Act est une habile compilation « des dispositions les plus sévères des ordonnances de douanes, non seulement des États australiens, mais des pays où les tracasseries du fisc ont atteint les limites extrêmes ». On aurait pu l’intituler : déclaration de guerre au commerce. Son application rigoureuse produisit une perturbation générale dans les affaires et inaugura, particulièrement contre le commerce maritime, « un régime d’oppression que les journaux des grands ports d’Australie définirent en une expression caractéristique : Harashing shipping ». Toutes les compagnies de navigation — les compagnies britanniques comme les autres — souffrirent d’une série de mesures vexatoires dont la plus originale est assurément celle qui concerne les provisions de bord. M. Biard d’Aunet la résume ainsi : « Cette mesure visait les compagnies postales de navigation, anglaises et étrangères, dont les bâtiments, venant d’Europe ou y retournant, ont à eflectuer entre Freemantle (Australie occidentale) et Sydney (Nouvelles Galles du Sud) un parcours de 4.900 milles marins (aller et retour), coupé par des relâches dans les principaux ports. Le Customs bill ordonnait que toutes les provisions, de bouche et autres, consommées à bord, seraient passibles des droits de douane, même en haute-mer, depuis l’arrivée du bâtiment sur les côtes de l’Australie jusqu’à son départ du dernier port de l’Australie, en route pour l’Europe. Afin d’assurer la perception des droits, on avait imaginé de mettre sous scellés ces provisions à l’arrivée au premier port de relâche pour ne les lever qu’au départ de ce même port, après que le bâtiment aurait achevé tout son voyage, aller et retour, sur les côtes du continent australien.

  1. L’Aurore australe, p. 144 à 173.