Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée
699
L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

cuse mieux encore en se souvenant que l’Australie actuelle est l’œuvre de trois générations. Ce sont les pères et non les aïeux des Australiens d’aujourd’hui qui l’ont faite. Cela ne suffit-il pas, conclut-il, pour qu’elle leur semble parée de toutes les vertus, exempte de tous les défauts ? ».

Le socialisme en Australie

Les expériences sociales de l’Australie lui ont acquis quelque célébrité parmi les personnes du vieux monde. Vaguement impressionnés par les résultats apparents de ces expériences, nos réformateurs socialistes ont eu vite fait de conclure à leur entier succès : ils nous ont invités à en suivre l’exemple. Leur opinion nous semble un peu hâtive. Les réformes sociales accomplies depuis quinze ans aux antipodes sont loin d’avoir encore porté leurs fruits : il est trop tôt pour apprécier leurs résultats définitifs sur la vie nationale du pays. D’ailleurs ces résultats, considérés dans leurs conséquences immédiates, présenteraient-ils de merveilleux encouragements — ce qui est loin de la vérité — il n’en serait pas moins illogique de nous les vouloir proposer en imitation. Nos vieilles sociétés européennes ressemblent peu à l’Australie par la structure ; elles en diffèrent énormément par le milieu. De même que telles plantes croissent là-bas et dépérissent sur notre sol, pareillement telle réforme sociale produira d’excellents effets aux antipodes et sera désastreuse chez nous. Il n’en résulte pas qu’il n’y ait rien à apprendre — ni même rien à prendre, comme le remarque M. Biard d’Aunet — des initiatives australiennes. « Leurs mésaventures aussi bien que leurs succès comportent un enseignement ». Il faut seulement les étudier sans parti pris.

Lisez Biard d’Aunet : « Les partisans de l’étatisme en France, malgré leur intention de réaliser des expériences analogues, n’ont pas encore jugé opportun de nous entretenir avec quelques détails des affaires du monde austral. Il se sont bornés à nous dire, de temps en temps, que tout y allait pour le mieux, grâce au socialisme. Cette discrétion, à première vue surprenante, est on ne peut plus légitime. Pour en indiquer les motifs, il suffira de montrer en quoi nos réformateurs se distinguent des socialistes australiens. » En effet le socialisme australien, dont l’objectif se confond avec