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L’AUSTRALIE DE NOS JOURS

lentes raisons que nous avons de la considérer attentivement, il paralyse évidemment nos moyens d’investigation. Des nouvelles qui nous sont transmises un mois après leur temps d’actualité piquent mal notre curiosité. Nous ne parlons pas des télégrammes, toujours incomplets, souvent tendancieux, qui exigent des explications d’autant plus étendues que l’objet de leurs communications nous est moins familier. D’autre part, les Européens sont très rares qui furent jamais aux antipodes : absorbés par leurs affaires privées, les commerçants n’ont cure de communiquer leurs observations au public ; passant rapidement, les touristes en voyage d’agrément ou d’études, en rapportent des impressions parfois exactes, toujours superficielles.

Les livres sur l’Australie sont d’autant plus insuffisants, en anglais aussi bien qu’en français. Nous en possédons d’excellentes études à propos de questions spéciales ; nous n’avions jusqu’alors aucun ouvrage de première main suffisant pour nous faire connaître le pays dans sa physionomie générale. En publiant hier chez Pion un volume qui résume les observations de son long séjour aux antipodes, M. Biard d’Aunet nous a rendu l’immense service de combler cette lacune. Son Aurore australe est une œuvre considérable. Elle suppose autant d’expérience que de travail et s’appuie sur une documentation formidable dont l’effort nous échappe grâce à la maîtrise de l’auteur. Il nous décrit successivement la vie intellectuelle, sociale, économique et politique de l’Australie. Nous l’avons abondamment plagié en écrivant pour les lecteurs de cette Revue les pages suivantes.

La Société australienne

L’Australie, quinze fois plus vaste que la France, est dix fois moins peuplée. Ses quatre millions d’habitants, d’origine britannique, assemblés depuis deux générations, constituent aujourd’hui une nation distincte. L’Australien, qui reste un Briton, n’est déjà plus un Anglais. Il mérite donc d’être étudié pour lui-même.

La société australienne s’est formée en toute indépendance. Elle participe des qualités et des défauts de ceux qui se sont faits eux-mêmes. Comme eux, elle est aventureuse et libre d’allures. Conséquence de son origine sociale et de son milieu géographique.