Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée
689
CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

tiens naturels de son trône, en fortifier les adversaires nécessaires, toute sa politique se résume en ce double trait d’une si naïve singularité. Aucun homme n’aura fait plus de mal à l’Europe que ce grand incapable.

En Portugal.

Pour apprécier l’exacte portée des événements dont le Portugal est le théâtre en ce moment, il convient avant tout de bien se remémorer que la politique portugaise est presque exclusivement affaire de personnes et non de principes. Il n’y a pas là-bas de partis solidement organisés et pivotant autour d’un programme défini d’action. Aussi n’est-il pas rare de voir le parlement à Lisbonne impuissant à appuyer un gouvernement quel qu’il soit et à réaliser une stabilité quelconque. Depuis trois ans notamment les luttes entre les Cortès et le ministère n’ont pour ainsi dire pas cessé. À plusieurs reprises, ces derniers ont gouverné de façon dictatoriale ; il ne paraît pas que le pays s’en soit grandement ému. Le Premier actuel voudrait-il ériger en système ce qui toutefois n’avait été jusqu’ici qu’un expédient ? Il a fait dissoudre les Cortès sans appeler les électeurs à en former de nouvelles. En même temps des décrets ont paru stipulant d’office certaines mesures qui amélioreront le sort des fonctionnaires subalternes et sur lesquels on compte apparemment pour se créer dans certains milieux une popularité facile. Si M. Franco a réussi à persuader au roi Carlos de s’essayer à son tour au « despotisme éclairé », il ne lui a pas rendu un grand service mais il ne faudrait pas croire non plus qu’il l’a conduit au « bord de l’abîme » comme certains journaux le donneraient à penser par leurs exagérations. Plus que tout autre, le parti républicain manque en Portugal, de vie et d’attaches. Il faudrait pour lui en donner que la monarchie se suicidât.

La question d’Irlande.

Le parti libéral-radical au pouvoir en Angleterre à fait faillite. Il ne compte plus ses malheurs dus pour une petite part aux circonstances défavorables et pour une beaucoup plus grande part à l’extraordinaire maladresse de son chef, le premier ministre actuel, Sir Henry Campbell Bannerman. C’est maintenant le tour