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REVUE POUR LES FRANÇAIS

l’État qui les soumet en pratique à trente-six mois seulement de service mais qui a le droit de les embarquer sur simple appel ministériel en cas de nécessité. De vingt-sept à cinquante ans, période de réserve, l’inscrit ne peut être appelé que par décret spécial. Les inscrits bénéficient de passablement d’avantages tels que l’affranchissement de l’impôt des patentes, l’engagement privilégié sur les navires de commerce français, une paye relativement élevée pendant le temps de service à l’État ; enfin les pensions servies par la Caisse des invalides de la marine, institution autonome mais contrôlée et subventionnée par l’État. C’est ce chapitre des pensions qui est l’objet de réclamations de la part des inscrits. Une retenue de 3 % est prélevée sur leurs salaires ; la pension leur est accordée après vingt-cinq ans de service et cinquante ans d’âge sauf le cas d’infirmités.

La pension minimum d’un matelot est de 205 francs, la pension maximum d’un capitaine au long cours de 1.070 francs. Les veuves reçoivent la moitié de la pension du mari plus 2 francs par mois par enfant âgé de moins de dix ans. L’économie du fameux projet Siegfried qui porte la retenue de 3 à 5 pour 100 élèverait ces chiffres de 205 et de 1.070 francs respectivement à 600 et 1.800 francs. Il en résulterait pour l’État une charge annuelle d’une quinzaine de millions. Le contre-projet présenté par le ministre élevait les mêmes chiffres de pensions à 360 et 1.370 francs. C’est sur cet écart que la grève a éclaté, préparée par le Comité de défense des gens de mer issu du dernier congrès tenu à Paris à la Confédération générale du travail par la Fédération nationale des syndicats maritimes.

En temps de paix et d’intelligence sociales, ce Comité eut négocié avant tout avec les pouvoirs publics et recherché les meilleurs moyens de faire aboutir des revendications qui en soi sont intéressantes et recommandables ; mais non ! cassons les vitres d’abord. Nous verrons après.

L’arbitrage de M. de la Palice.

Contrairement à la propre opinion qu’il avait coutume d’émettre en ce bas monde, M. de la Palice n’est pas mort en perdant la vie. Il continue d’exister en chacun de nous lorsque nous sommes en la possession du bon sens. Le bon sens s’incarne en lui. L’arbitrage de M. de la Palice pourrait intervenir dans l’affaire des