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tées au développement des colonies. Ces entraves étaient nombreuses ; depuis 1651 elles ne cessaient de se multiplier et de s’aggraver. L’Acte de navigation passé cette année-là n’autorisait l’exportation que par les navires anglais ; il était dirigé principalement contre les Hollandais de New-York. En 1660, il fut confirmé, étendu aux importations et, dès lors, plus sévèrement appliqué. En 1663, on alla plus loin, et cette fois avec l’intention avouée de resserrer les liens par lesquels les colonies tenaient à l’Angleterre. On fit de l’Angleterre l’entrepôt des colonies. Toutes marchandises devaient maintenant passer par ses mains ; les Américains n’avaient plus le droit d’acheter ailleurs.

Ces exigences développèrent tout naturellement le commerce intercolonial et les commerçants de la métropole, s’en étant aperçus, firent entendre des doléances et obtinrent l’acte de 1672. Dès lors, les colonies ne purent se vendre l’une à l’autre les produits de leur sol ou de leur industrie que par l’intermédiaire de l’Angleterre ou bien en acquittant des droits considérables, destructifs de tout négoce. Un produit du Massachusetts acheté par le Rhode-Island dut être envoyé à Bristol pour aller de Boston à la Providence, sous peine d’être lourdement taxé. Ce n’était encore que de la sottise poussée à l’extrême. La persécution vint dès qu’eut été constitué le Board of Trade dont nous avons déjà parlé et qui centralisa, à partir de 1696, les affaires coloniales. En 1699, l’exportation de toute laine ou lainage, dans quelque lieu et conditions que ce fût, soit en Europe, soit d’une colonie à l’autre, fut interdite, sous peine de confiscation et d’une amende de 500 livres (7.500 francs). En 1732, interdiction d’exporter des chapeaux. La fabrication du feutre de castor avait pris une certaine extension. La corporation des chapeliers à Londres prétendait que dix mille chapeaux partaient annuellement de New-York et de la Nouvelle-Angleterre à destination de la Virginie, des Antilles et de l’Irlande. Le chiffre était certainement exagéré. On décida que tout chapelier des colonies devait avoir fait un apprentissage de sept années et qu’il ne pourrait garder auprès de lui plus de deux apprentis. En 1733, des droits énormes furent établis sur les mélasses ; en 1750, enfin, on ordonna la destruction des forges, hauts-fourneaux, aciéries actuellement existants, avec défense d’en établir de nouveaux. Tel était ce système mercantile qui existait en germe dans l’Acte de navigation et finit par former tout un échafaudage de prohibitions et de faveurs. « L’on s’était habitué, dit M. Leroy-