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LA FRANCE AUX INDES APRÈS DUPLEIX

la France de s’implanter aux Indes. C’est là une erreur. En 1750, en effet les Anglais ne possédaient, que quelques comptoirs : Bombay, Madras, Fort-William et Calcutta. Madras dont Dupleix s’était emparé en 1746 leur avait été restitué par le traité de paix signé à Aix-la-Chapelle en 1784, traité qui avait mis fin à la guerre dite de la succession d’Autriche. Suivirent huit années d’une complète prospérité, les seules qu’ait connues la France de Louis xv ; il est vain d’ajouter que ce misérable prince n’y fut pour rien. C’étaient les efforts de nos vaillants colonisateurs des Antilles et de l’océan Indien qui portaient leurs fruits et dirigeaient vers les ports de la métropole un commerce chaque jour grandissant. Aux Indes, Dupleix en profita pour achever son œuvre. Le protectorat français allait maintenant de Chandernagor à Travancore, c’est-à-dire qu’il couvrait la côte Est de l’Hindoustan du Gange à Ceylan. Il s’étendait sur la plus grande portion du Dekkan englobant une partie des États Mahrattes et s’approchant de Bombay dont il coupait les communications avec Calcutta. C’est alors que d’abominables intrigues ourdies à Paris aboutirent au rappel de Dupleix qui, persécuté et ruiné, devait y mourir en 1763 l’année même où se signait le honteux traité par lequel la France cédait à l’Angleterre le Canada et s’humiliait jusqu’à abattre les fortifications de Dunkerque. C’était là le résultat de la guerre de Sept ans (1756-1763) ; entreprise pour abattre le roi de Prusse Frédéric ii au profit de l’Autriche (car Louis xv qui se glorifiait sottement de faire la guerre en roi et non en marchand ne dépensait le sang et l’argent de ses sujets que pour servir leurs rivaux) elle aboutissait au triomphe de ce prince et de ses alliés britanniques.

Pendant ce temps, que se passait-il dans l’Inde ? Après le départ de Dupleix, le comte de Lally-Tollendal y avait disputé âprement la victoire aux Anglais. Mais ne recevant de France ni renforts ni même la solde réglementaire de ses troupes, il ne put à la longue résister à lord Clive. Il finit glorieusement en tenant neuf mois avec 700 hommes dans Pondichéry où l’assiégeaient 22.000 Anglais. La prise de Pondichéry délivra nos ennemis d’un gros souci mais ce n’était point le seul. Les Français abattus, il restait devant eux les Mahrattes. L’empire Mogol créé par Baber (1505-1530) dans le nord de l’Inde et dont Delhi était la capitale avait atteint sous l’empereur Akbar l’apogée de sa puissance (1605). Cent ans plus tard, après la mort de l’empereur Aureng Zeb (1707), la décadence