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d’hui, il se sent excédé, dépourvu d’espérance et de sécurité et il regrette le temps passé. C’est de ce sentiment qu’est faite pour une bonne part la stabilité de M. Stolypine sans que cette constatation du reste enlève rien au mérite considérable de cet homme émiment.

En même temps que le rescrit impérial, le ministère des finances a donné un communique officiel de l’exercice 1906 qui n’est pas de nature à déplaire aux porteurs de fonds russes. Les recettes ordinaires pour l’année entière fournissent un excédent de 241 millions de roubles sur 1905. Quant aux dépenses, elles se sont montées à 2051 millions de roubles. Il y a de « l’extraordinaire » de part et d’autre. Il est rentré en recettes qui ne se reproduiront pas : 704 millions de la réalisation de l’emprunt 1906, 35 millions de la réalisation de la rente intérieure et 336 millions d’obligations à court terme nouvellement créées. Par contre, on a payé 467 millions pour liquider la guerre japonaise, 110 millions pour secours aux populations éprouvées par la famine et 445 millions pour le remboursement des obligations à court terme de 1905 et de 1906 ; tout cela se compense à peu près. En somme l’exercice 1906 laisse un excédent d’environ 213 millions. Après déduction du déficit de l’exercice 1905 il restera un excédent net d’environ 53 millions de roubles. On comprend que le ministre des finances ait été félicité par le tsar du résultat de ses efforts.

Potins décoratifs.

Il paraît que M. Viviani a fait nommer chevalier de la Légion d’honneur le citoyen Évrard, secrétaire général du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais et que, par contre, M. Briand n’a pas réussi à vaincre les résistances du Conseil de l’ordre lequel s’oppose, sans qu’on sache exactement pour quelles raisons, à la nomination en la même qualité de Madame Sarah Bernhardt. Il est triste pour la Légion d’honneur d’avoir à constater que le mérite de M. Évrard ne s’en trouve pas rehaussé d’une ligne et que la réputation de Madame Sarah Bernhardt n’en est pas diminuée d’une once. Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? À l’heure où M. Sardou devient grand-officier, on constate que M. de Vogué n’est pas même chevalier et pendant qu’on marchande un bout de ruban à quelque brave officier blanchi sous l’uniforme, on en entortille le cou d’un marchand de chronomètres