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L’ART ARABE

et embellir la mosquée de Medine, il s’adressa à l’empereur en le priant de lui envoyer à cet effet des ouvriers grecs et quelques belles mosaïques. Les Arabes n’avaient pas davantage d’idées arrêtées en ce qui concerne les plans des mosquées. C’est le hasard qui parait avoir fixé ce plan. En dehors de l’orientation et de la fontaine aux ablutions, la disposition des lieux leur importait médiocrement. Il est visible qu’ils se fussent accoutumés à un temple grec aussi facilement qu’à une église gothique. À la Mecque il y avait une sorte de cour ; le modèle fut suivi inconsciemment. Le minaret naquit par la suite. Au début, le muezzin appelait de l’intérieur les fidèles à la prière ; il vint ensuite à l’entrée du sanctuaire ; puis enfin on estima que la ville entière devait être à même d’entendre son appel. Abraham montait sur les collines pour convier les hommes à prier. Le muezzin monta désormais sur son minaret.

Jusque-là, on ne peut vraiment pas dire qu’il existât un art arabe. Il n’y avait à proprement parler qu’un art copte mis au service des Arabes et dont la domination sur les sens de ceux-ci s’était établie d’autant plus aisément qu’ils n’avaient point de préférence pour les formes architecturales et qu’ils avaient, par contre, une répugnance extrême pour les formes sculpturales, représentant des êtres vivants. C’est là un second point par où s’était affirmée l’originalité copte. On a lieu d’en être surpris puisque les Coptes ayant leur centre social en Égypte y côtoyaient sans cesse un art qui avait presque abusé de la sculpture animée, l’entendant, il est vrai, d’une façon conventionnelle, artificielle mais néanmoins fort suggestive. La réaction fut déterminée probablement par les excès du byzantinisme fort conventionnels aussi dans une ligne différente. « Non content d’emprisonner l’âme sous la coupole, écrit M. A. Gayet, dans sa belle étude de l’Art arabe, il (le byzantinisme) avait fait des figures chrétiennes une bacchanale olympienne et, grâce à la suprématie religieuse exercée par lui, son thème s’était implanté comme celui de l’art de la chrétienté. Le spiritualisme de Syrie avait pu se rebeller, il n’avait pas eu à son service un enseignement qui lui permit de s’imposer par des chefs-d’œuvre ; il avait pu poursuivre son idéal, il n’avait pu le proclamer. Délivré de cette tutelle par l’apparition de l’Islam, il reprenait son indépendance et, pour avoir été comprimé par elle, se réveillait plus vivace que jamais. C’est là qu’il faut chercher la cause de l’éloignement de l’Orient pour la