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REVUE POUR LES FRANÇAIS

moindre et d’une émigration annuelle de 200.000 à 300.000 individus les ouvriers souffrent du manque de travail. D’autre part, si l’on examine les statistiques, on constate que les revenus ont augmenté pour les Allemands cinq fois plus dans les quinze dernières années que les revenus des classes correspondantes en Angleterre et que les dépôts aux caisses d’épargne ont été, dans le même laps de temps, dix fois plus considérables en Allemagne qu’en Angleterre. Ainsi la richesse de l’Allemagne croit d’une allure très rapide alors que celle de l’Angleterre est pour ainsi dire stationnaire. Ajoutez à cela que l’Allemand paie moins d’impôt que l’Anglais. Pour 25 francs d’impôt sur le revenu que paie le contribuable allemand, le contribuable anglais paie 50 francs ; pour 23 francs payé par l’Allemand comme taxe municipale d’habitation, l’Anglais paie 62 fr. 50.

Si maintenant on considère que les populations combinées de l’Allemagne et des États-Unis augmentent huit fois plus vite que la population de la Grande-Bretagne, que l’homme est un facteur économique infiniment plus puissant que la machine, on sera amené à conclure que la Grande-Bretagne ne pourra conserver sa suprématie navale parce que les moyens financiers lui manqueront ; dans vingt ans, elle ne serait plus que la deuxième ou la troisième puissance navale du monde.

Donc, la situation de l’empire est critique. Mais l’avance que l’Angleterre possède lui permet de s’organiser de façon à maintenir sa suprématie. Et le moyen consiste à créer un Ministère de l’empire, avec un bureau impérial de la Marine, un Ministre impérial des Finances, et un Sénat impérial représentant l’empire entier. Le salut pour la Grande-Bretagne et pour l’empire qu’elle a créé, consiste à organiser la défense dudit Empire avec la participation financière effective des colonies dont les ressources, jointes a celles de la métropole, peuvent être considérées comme inépuisables.

Telles sont les idées et les opinions de M. Ellis Barker. Quelque opinion qu’on s’en puisse faire, il est impossible de ne pas reconnaître que l’auteur les exprime à un moment très opportun, les Premiers des colonies se trouvant en ce moment réunis à Londres pour cause d’impérialisme.


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