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REVUE POUR LES FRANÇAIS

Sénat et au Congrès, c’est sur des navires américains, et non plus sous pavillon anglais, que les marchandises américaines seront transportées. D’autre part, les Américains songent à faire passer dans leurs mains, grâce à l’ouverture assez prochaine du canal de Panama, le commerce de l’Extrême-Orient qui constitue la portion la plus rémunératrice du commerce anglais d’exportation. Remarquons, en effet, que les grands centres industriels d’Amérique, ceux auprès desquels le fer et la houille abondent sont situés près de la côte orientale des États-Unis, si bien que ces centres sont à une distance de l’Asie plus grande que celle qui sépare l’Asie de la Grande-Bretagne. Lorsque le Canal de Panama sera ouvert au trafic, la côte orientale américaine se trouvera rapprochée de l’Asie et la route de Suez qui est à l’heure actuelle la grande route du commerce entre l’Est et l’Ouest, cessera d’exister comme telle. L’Amérique supplantera alors l’Angleterre comme courtier des mers, surtout si des mesures fiscales viennent favoriser le commerce américain pour la traversée du canal de Panama.

D’autre part, le peuple américain est hardiment expansionniste et ne pèche pas par un excès de considération pour les désirs d’autrui. Le Canada, les Indes occidentales, les ports anglais répandus sur toute la surface de l’univers sont une tentation perpétuelle au sens d’acquisivité qui est au moins aussi développé chez l’homme d’État et le négociant américains que chez leurs confrères anglais. Pour toutes ces raisons, il est nécessaire que la Grande-Bretagne maintienne sa suprématie navale contre les États-Unis, si elle désire conserver l’empire.

En ce qui concerne l’Allemagne, elle aussi est passée de l’agriculture à l’industrie ; elle aussi rêve de devenir une grande nation maritime et coloniale ; il lui faut d’ailleurs un pays de zone tempérée où elle puisse diriger le surplus de sa population qui augmente chaque année de neuf cent mille âmes.

Pour être une grande nation maritime, elle a besoin d’arsenaux et de ports de commerce bien situés. Hambourg n’est pas dans une situation favorable car presque tous les grands centres industriels allemands sont sur le Rhin ou près du Rhin, dans la région où la la houille et le fer abondent. Aussi les véritables ports de l’Allemagne seraient-ils Anvers et Rotterdam qui sont l’un et l’autre sur le territoire de l’ancien empire germanique. Au point de vue des arsenaux, l’Allemagne n’est pas mieux douée. Wilhelmshaven