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L’AVENIR DE L’EMPIRE BRITANNIQUE

matique actuel. Il voudrait voir « le talent oratoire du professeur consacré aux définitions, aux explications et aux applications, aux applications faites sous ses yeux avec sa participation — aux applications qui développent l’idée nouvelle, qui éclairent dans toutes ses parties et incrustent dans la tête de l’élève la vérité nouvelle ». Et il ajoute : « Au livre sur lequel l’élève travaillerait en son particulier, je laisserais la tâche de combler les vides, de développer les raisonnements, les formules, les théories intercalaires et je prétends qu’en agissant ainsi, je mettrais chaque chose à sa véritable place » Nous le prétendons aussi.


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L’AVENIR DE L’EMPIRE BRITANNIQUE



Dans le numéro de la revue anglaise, The Nineteenth Century, Mr J. Ellis Barker étudie la question de savoir si dans l’avenir l’empire britannique continuera à former une unité politique ou si ses éléments se désagrégeront sous l’effort de concurrents nouveaux et redoutables. Ainsi, l’auteur est amené à définir, en dernière analyse, quelles conditions devra remplir l’empire pour assurer d’une manière certaine sa durable cohésion.

M. Ellis Barker n’est pas un rêveur, il ne se paie pas de mots, les abstractions le laissent froid, il va droit aux réalités et les prend corps à corps. Il n’invoque pas, à la différence de la majorité de ses compatriotes, la supériorité de l’Anglais si souvent affirmée dans les revues d’Outre-Manche, comme élément de nature à assurer, par le seul fait de son existence, la suprématie de John Bull sur le reste du monde. Il va même jusqu’à dire : la Grande-Bretagne ne détient plus le monopole de l’habileté maritime, ce qui est une affirmation à la fois méritoire et vraie dont il convient de louer sans réserve Mr Barker. Pour lui, la loi de l’histoire c’est-à-dire la règle suivant laquelle évoluent les groupements politiques, est la loi Lamarckienne et Darwinienne de la lutte pour la vie avec survivance du plus apte. Le monde dans lequel nous vivons n’est pas un monde de bien-être facile et de paix mais un monde de querelle et de guerre. Les États, comme les végétaux et les animaux sont engagés dans une lutte sans fin pour une place au soleil, pour leur nourriture, pour l’air et la lumière ; et cette lutte